jeudi, mars 28, 2024

Un baril de pétrole contre 100 mensonges – Thomas Porcher – Respublica

Les bénéfices
record de Total en 2008 avec 14 milliards d’euros, ne nous convaincront
pas du contraire : le pétrole est une bénédiction pour les pays
détenteurs de cette ressource. Mais est-ce vrai pour tous ces pays ? Que
cache les contrats entre certains pays et les sociétés qui, comme Total,
exploitent les gisements ? Quel rôle joue l’OPEP, quel double-jeu,
quelle est la stratégie de l’Arabie Saoudite, dont les réserves sont
considérables ? Autant de questions fondamentales auxquelles *Thomas
Porcher*, docteur en économie, consultant international et enseignant à
l’Université Paris I et V, répond sans détour dans un livre paru chez
*Respublica* et intitulé *« un baril de pétrole contre 100 mensonges ».*

Cet ouvrage nous ouvre les portes d’un monde opaque, celui d’une
ressource convoitée, dont les ressorts, pourtant prévisibles, semblent
mal connus de certains spécialistes. *Thomas Porcher,* avec rigueur,
démonte les mécanismes qui permettent aux sociétés pétrolières
d’obtenir au prix le plus bas les concessions d’exploitation, et
montre comment elle tirent la plus grande part de la rente pétrolière à
leur profit, dans les pays en voie de développement qui n’appartiennent
pas à l’OPEP. L’auteur prend l’exemple de la *République Démocratique
du Congo* pour montrer que, contrairement à ce qui est communément
acquis, la flambée du pétrole ne profite que très peu à ces pays obligés
de faire appel à des opérateurs étrangers pour exploiter leurs ressources.
Il démontre ainsi que la plus grande partie de la production d’un pays
comme le Congo lui échappe, par des mécanismes aussi douteux qu’un coût
d’exploitation variable, fixé à 50% du prix du baril, et que ce qui lui
revient lui est racheté à des prix ne reflétant pas les cours réels.
*Ces mécanismes ont fait perdre plus de 500 millions de dollars au Congo
en 2004, soit 20 fois l’aide au développement qu’il a reçu la même
année pour lutter contre la pauvreté.*

Mais l’auteur ne s’arrête pas là, il éclaire aussi le lecteur sur le
rôle de l’OPEP dans les crises pétrolières successives, et sur ce
qu’il présente comme la stratégie à moyen terme de ce cartel de pays
producteurs, Arabie Saoudite en tête : pousser les pays non OPEP à
épuiser leurs ressources pour construire un monopole
d’approvisionnement, synonyme de puissance économique et politique
majeure. Il démontre comment ce cartel se défend de ne pouvoir faire
baisser le prix du baril, laissant l’Occident pousser les opérateurs à
extraire davantage de pétrole de leurs concessions dans les pays non
OPEP, un prix élevé du baril rendant certains gisements économiquement
exploitables.
On peut s’étonner, à la lecture des 200 pages de ce brûlot aux vapeurs
nauséabondes, que si peu d’experts ne soient plus clairvoyants, et que
nos Etats soient si peu enclin à nous défaire de cette dépendance
énergétique. *L’OPEP régule ainsi les cours pour à la fois encourager
l’exploitation des pays non OPEP et nous décourager de tout sevrage au
pétrole.*

De cette étude détaillée et chiffrée, Thomas Porcher tire une projection
à 40 ans, nous proposant une ébauche de ce que pourrait être le monde,
économiquement, sociologiquement et géopolitiquement, à l’horizon 2050,
si l’OPEP atteint ses objectifs et que nous ne mettons pas très vite
en œuvre une politique de développement d’alternatives énergétiques.
*Il décrit un Monde tourmenté et au bord d’une troisième guerre
mondiale, à la merci des intégrismes et miné de famines. Un Monde qui
nous est promis si nous ne changeons rien.*

*Un baril de pétrole contre 100 mensonges, de Thomas Porcher, édité par
Respublica, est disponible dans toutes les bonnes librairies.*

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