jeudi, mars 28, 2024

La vie d’une abbaye par Jean-Pierre Rorive (Editions Jourdan)

« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.

Il y a des essais qui, dès les premières pages, se révèlent être, par la grâce de l’auteur et du sujet qu’il développe, de véritables romans avec leurs lots d’intrigues, de rebondissements, de narrations d’aventures et de faits authentiques, d’études de mœurs de sentiments, de passions…, d’autres, en revanche, sont comparables à de réelles encyclopédies.

Dans le cas présent, c’est-à-dire celui de « La vie d’une abbaye » par Jean-Pierre Rorive (Editions Jourdan) on peut, sans conteste, évoquer les deux aspects avec, néanmoins, un imposant supplément de très nombreuses références (dates, lieux, personnages, documents…) et illustrations.

Pour d’aucuns, il s’agira d’une sorte de « roman historique », voire d’une saga (dans le sens noble du terme), pour d’autres, il sera question d’un ouvrage de référence sur une période de près de sept siècles, allant de 1100 à 1797.

Cet imposant livre de plus de 500 pages, débute avec « La légende de Pierre », c’est-à-dire Pierre l’Ermite (1053-1115), autrement appelé « L’Apôtre de la Croisade », celle intitulée « La Croisade Populaire ».

Personnage exceptionnel, peut-être natif d’Amiens, c’était un ascète, un prédicateur, un thaumaturge, un homme fort généreux qui prêchait dans de nombreuses régions. Il avait une réputation de sainteté et les gens arrachaient même des poils à son âne en guise de reliques !

Il aurait fondé l’abbaye de Neufmoustier à Huy, « l’une des deux plus jolies villes sur la Meuse avec Dinant », comme l’a décrit Victor Hugo qui appréciait ces remarquables cités mosanes.

Une cité de Huy qui, au Moyen Âge, était célèbre tant sur le plan de l’artisanat, que celui de l’architecture, du commerce, de l’enseignement…

L’auteur nous conte avec un luxe de détails la création de cette abbaye au retour de Pierre l’Ermite de la croisade jusqu’à sa disparition à la Révolution. Une abbaye où le code de vie spirituelle tournait autour de trois vœux : l’obéissance, la chasteté et la pauvreté.

Précision intéressante pour la suite de la lecture, ce code s’adressait à des chanoines réguliers de Saint-Augustin et non à des moines.

Autre précision intéressante, cette abbaye resta modeste, sans opulence, et, pourtant, elle recela un trésor inestimable.

Ainsi, on lit avec stupéfaction le catalogue des reliques détenues à Neufmoustier : cinq pains et deux poissons provenant de la multiplication des pains, de la sueur du Christ récoltée au Jardin des Oliviers, des cheveux et des vêtements de Marie, un arbre de la Fuite en Égypte, des bouts de la Porte Dorée de Jérusalem, de la Sainte Croix, de la Sainte Lance, du bâton de saint Pierre et, bien sûr, des reliques de multiples saintes, saints, martyrs…

Outre à Amiens, une statue de Pierre l’Ermite trône aussi à Huy et, sous elle, il y a une sorte de crypte où l’on peut voir des débris de squelette : s’agit-il de restes de l’« Apôtre de la Croisade » ou « d’un ensemble hétéroclite d’os humains, de chiens, de porcs et d’autres animaux » ?

Il y a peu de temps, des débris de squelettes ont encore été découverts dans les environs du site de l’abbaye, précise Jean-Pierre Rorive.

Alors ? Duperie, supercherie ou fait avéré ?

L’auteur invite le lecteur à se faire une idée précise sur la question et, encore, sur sept siècles de vie monastique « sous toutes ses facettes ».

C’est un retour dans le passé absolument fantastique !

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