jeudi, mars 28, 2024

Du whisky dans le réservoir (plutôt que dans le gosier?)

Un peu de bonne humeur en ce début d’été avec un détour par l’Ecosse…dans un beau reportage du National Geographic intitulé « whisky à go go », on nous pose cette question : les déchets des alambics écossais peuvent-ils dynamiser le secteur des biocarburants ?
Le journaliste nous raconte comment l’industrie du scotch pourrait contenir un véritable trésor, et cela grâce à un entrepreneur qui a regardé non pas dans le futur mais dans le passé.
Cet homme s’appelle Martin Tangney, au départ chercheur en microbiologie à Edimbourg.
En fouillant dans les poubelles de l’histoire de sa discipline, il s’est rendu compte d’un procédé mis au point il y a fort longtemps.
Au début du vingtième siècle, le chimiste Chaim Weizman de l’université de Manchester met au point la fabrication de biobutanol.
Weizman utilise une bactérie au nom compliqué, Clostridium acétobutylicum, pour produire de l’acétone et du butanol. Seulement avec l’arrivée du pétrole, on trouvera du carburant à moindre coût et son procédé n’intéressera plus personne.
Mais aujourd’hui, la crise des carburants fossiles est passée par là. Notre biochimiste d’Edimbourg Tangney ayant retrouvé le vieux procédé de Weizman, il l’adapte, et en 2010, un brevet est déposé pour cette nouvelle méthode dans laquelle une autre bactérie, plus pratique à l’usage arrive à produire du biobutanol à partir des déchets du whisky.
Aujourd’hui l’expérimentation est en cours dans un programme pilote. Le journaliste du National Geographic nous amène dans une distillerie située à Blackford, dans les highlands du sud de l’Ecosse.
Il nous explique l’énorme quantité de déchets produits lors du processus de fermentation du whisky, au bas mot 90% de ce qui sort de l’alambic est perdu.
La distillerie de Blackford génère deux sous-produits de la fabrication du whisky chaque année : 2 millions de litres de pot ale, résidu liquide restant après la première distillation, et 6500 tonnes de draff, les résidus du brassage de l’orge et de l’eau.
Aujourd’hui, la production de whisky écossaise est évaluée à 6 milliards de dollars, dont les résidus pourraient donc se transformer en millions de litres de biobutanol. Et c’est là qu’on peut paler d’un trésor.
Voilà ce qui fait dire à Tangney que « ce que certains jettent fait la fortune des autres. »
L’intérêt au final est énorme : on parle de 25 à 30 pour cent d’énergie supplémentaire développée par litre de ce biobutanol comparé à l’éthanol.
Comme la plupart des biocarburants il va être mélangé à un carburant classique. Mais à la différence de l’éthanol, il pourra être mixé à la raffinerie sans modifications et vendu tel quel.
En revanche, même si vous le lui demandez gentiment, il y a très peu de chances que lors de votre prochain séjour dans le highlands, un pompiste qui roule les « r » vienne vous le servir on the rocks.

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