mercredi, mars 27, 2024

Mai 68, un pavé dans leur histoire de Julie Pagis (Les Presses et Sciences-Po)

« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.

Les événements de Mai 68, j’avais 22 ans à l’époque, m’ont marqué avec une prise de conscience disons, écologique, antimilitariste, antinucléaire, ma collaboration à « Fréquence Terre » en découle probablement.

Dans l’ouvrage « Mai 68, un pavé dans leur histoire » de Julie Pagis (Éditions Les Presses – Sciences-Po), sociologue et fille de soixante-huitards, il s’agit d’aborder une question essentielle : quel a été l’impact de leur militantisme sur leurs enfants ? Questions subsidiaires : quelle fut la trajectoire desdits soixante-huitards et notre société porte-t-elle des marques de cet engagement ?

Particularité majeure de cet ouvrage : les soixante-huitards interrogés sont tous des anonymes, loin des figures médiatisées traditionnelles, des porte-parole autoproclamés des événements et des parisianismes.

Dans ce livre, il est, entre autres, démontré que Mai 68 n’est pas uniquement une rébellion des jeunes contre leurs parents, voire une crise au sein du milieu universitaire.

Il y a, par exemple, la transmission familiale de dispositions au militantisme, des aspirations personnelles, le refus de soumissions, l’anticolonialisme, le tiers-mondisme, le stigmatisme des enfants d’ouvriers par rapport aux bourgeois et nantis, les différences traumatisantes de classes sociales… Les récits de parcours de vie sont éclairants à ce propos. Ainsi, qu’est-ce qu’un ouvrier d’origine populaire occupant l’usine où il travaillait pouvait bien échanger avec une jeune étudiante d’origine bourgeoise qui revendiquait l’émancipation familiale ?

Participaient-ils aux événements pour changer en profondeur la structure politique et sociale, pour faire évoluer les mœurs ou pour transformer le système éducatif ? Y a-t-il eu décloisonnement social entre les mondes ouvriers, étudiants et paysans ?

Des explications fusent : « Mai 68 était une évidence », « Refaire le monde pour mes enfants et mes enfants pour le monde », « Commencer à vivre… », « Changer l’ignorance humaine »…

Et qu’en est-il des expériences post-soixante-huitardes ? Réponse d’une ancienne militante : « À défaut de changer la vie, les soixante-huitards réussirent au moins à modifier la leur. »

Cependant, certains soixante-huitards interrogés par l’auteure marquent leur désaccord sur son travail (fort intellectuel, c’est vrai) : « Nous ne pouvons pas être mis en fiches, dans des cases et des cages, et décryptés par les statistiques… »

Quoi qu’il en soit, Mai 68 fut un fameux moment d’Histoire et n’a pas fini d’interpeller.

 

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