jeudi, mars 28, 2024

L’Affaire Simenon d’Alain De Preter (Édition Avant-Propos)

PGF avril 2015 - Copie (3) copie« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.Part-Editions

Décidément, au-delà de ses polars de réputation internationale qui traversent le temps et l’espace, Georges Simenon ne cesse de faire parler de lui ces derniers temps. Davantage que son œuvre littéraire, semble-t-il. Même l’un de ses enfants, Pierre, a récemment publié un ouvrage « De père à père » (Flammarion) et, dans un tout autre registre, Patrick Roegiers, avec « L’autre Simenon » (Grasset), dont il a été question en la présente rubrique, a publié un véritable « brûlot » qui n’eut pas l’heur de plaire aux simenoniens, il y a, également, « L’affaire Simenon » d’Alain De Preter  (« Avant-Propos »). Ici, il s’agit du volet douloureux du suicide de Marie-Jo, fille du père de Maigret, morte à l’âge de 25 ans.

L’auteur, juriste de formation, ancien avocat, réorienta sa carrière professionnelle vers la psychologie. Il a pris cinq années, dit-il, pour écrire son ouvrage de près de 370 pages né de la lecture de « Mémoires intimes » de Georges Simenon, du décryptage de la célèbre interview de l’écrivain par Bernard Pivot lors d’un « Apostrophes » de 1981 et, ensuite, de recherches, quasi scientifiques, exécutées dans maints documents écrits et filmés, y compris avec l’apport du Fonds Simenon de l’Université de Liège, cité de naissance d’un maître incontesté du polar.

L'AFFAIRESIMENON-C1Que retenir de cet imposant essai qui analyse, à la manière d’un psy doublé d’un homme de loi, cette mort troublante d’une jeune fille sensible, au tempérament artistique, mais qui souffrait d’un mal-être existentiel, qui déclara : « Je veux savoir la vérité… » ?

Par le biais de cet ouvrage, le lecteur entre dans un univers souvent fort sombre, désolant, dont j’ai épinglé quelques propos : « Une atmosphère de sexualité flottait dans la maison de Georges Simenon », « C’était un menteur professionnel », « Marie-Jo, selon Georges Simenon, aurait été victime d’une sorte d’inceste de la part de sa mère quand elle avait 11 ans » et, encore, « Simenon se présentait comme antiraciste convaincu, alors qu’il avait écrit des articles antisémites sous le titre « Le péril juif ! », « Simenon était un manipulateur, un homme caméléon, mais, aussi, un personnage très charismatique et très populaire », « Il y avait une fixation incestueuse entre Marie-Jo et son père »…

Père autoritaire, Georges Simenon se serait déclaré « L’homme aux 10 000 femmes » et il avait une personnalité nécrophile, rapporte Alain De Preter. Voici, donc, quelques éléments du « puzzle » mis en place dans cet ouvrage pour démontrer « la maltraitance dont Simenon s’est rendu coupable envers ses proches. »

Au lecteur, bien sûr, de faire sa propre conclusion sur pareil essai qui, quelque part, relève du polar. Quoi qu’il en soit, Georges Simenon reste une star de ce type de littérature avec quelque 550 millions d’ouvrages tirés, selon l’UNESCO.

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