jeudi, mars 28, 2024

Les transporteurs français menacés par la concurrence européenne ?

Pourquoi l’arrivée de transporteurs routiers étrangers sur le sol français fait-elle peur aux transporteurs français ?

Début 2012, le marché du transport routier de fret s’ouvre une nouvelle fois à la concurrence internationale, ce qui inquiète une partie de la profession. Plusieurs pays d’Europe centrale avaient déjà eu le droit de rouler dans l’hexagone, c’est au tour de la Pologne et de la Roumanie de pouvoir venir faire du cabotage sur les routes françaises ; cela veut dire que les transporteurs de ces deux pays vont pouvoir charger du lait à Nantes et le livrer à Lyon, ce qui leur était pour l’instant interdit.

La principale fédération nationale des patrons du secteur, la fédération nationale des transporteurs routiers, a du mal à avaler la pilule, elle redoute que « cette nouveauté génère de nouvelles tensions concurrentielles, due aux couts sociaux et fiscaux très différents [avec ceux qui sont imposés aux entreprises en France.] » Selon la FNTR, « plus de 40 pour cent des poids lourds circulant sur le territoire français sont étrangers», ce qui va encore aggraver la situation.

Dans la profession, les petits transporteurs français craignent ceux qu’ils traitent de chauffeurs low cost venus de l’est, au même titre que l’on parlait de plombiers polonais.

Selon la FNTR, le redressement du secteur passerait donc par une meilleure compétitivité avec le voisin allemand, dans un premier temps, et cela voudrait dire une réglementation européenne sociale du transport, puis un allègement du coût du travail.

Mais pour leurs transports à l’étranger, de nombreuses entreprises françaises font déjà appel à des chauffeurs étrangers. S’ils se plaignent de la concurrence accrue avec cette libéralisation, en fait les patrons en ont déjà profité. Avec une main d’œuvre 20 pour cent moins chère dans les pays de l’est de l’Europe, et une fiscalité moins punitive, les transporteurs français se sont organisés ; ils ont créé des structures juridiques en Pologne ou en République tchèque, pour pouvoir engager des chauffeurs étrangers et licencier une partie de leur main d’oeuvre. On voit donc que c’est le serpent qui se mord la queue. La délocalisation des entreprises françaises guette. Selon le patronat, seule une réglementation européenne harmonisée pourrait éviter cela.

En fait, à l’avenir il faudra sûrement que la profession revienne de l’ultralibéralisme dans laquelle elle est plongée jusqu’au cou, et se transforme au profit d’un transport durable ; au même titre que les consommateurs demandent à leurs produits d’être bio, il faudra que les transporteurs routiers se mettent eux aussi au vert, et que leur profession se mette à plébisciter des petites structures, voire un label de transport écolo. En effet, cela pourrait vraiment protéger des emplois en France.

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