jeudi, mars 28, 2024

Régie publique de l’eau à Lyon : des enjeux capitaux

Le 12 novembre prochain, le Grand Lyon décidera de son nouveau mode de gestion de l’eau pour les années futures.

Véolia, Suez et la Saur se partagent la délégation de service public, depuis 30 ans. Cette délégation au privé à la faveur du maire de Lyon Gérard Collomb. Mais les partisans d’un retour en Régie Publique ne ménagent pas leur peine pour tenter de faire pencher la balance en leur faveur.

Le Collectif Les Etats Généraux du Service Public 69 est à la pointe de cette mobilisation. Depuis un an, il multiplie les débats pour convaincre citoyens et élus de la nécessité d’un vrai débat sur la gestion de l’eau. Car les enjeux ne sont pas minces.

Jean-Michel Drevon est l’animateur de ce Collectif.

« Le contrat du Grand Lyon n’est pas une petite affaire.

Les fermiers ont perdu Paris, ils vont perdre Toulouse, alors perdre ou pas Lyon n’est pas sans importance. C’est 1,3 millions d’habitant et 100 millions d’euros par an de contrat. Sur un contrat de 12 ans, c’est 1,2 milliards d’euros d’assuré ! »

Le retour en Régie Publique s’accompagnerai, à terme, d’une baisse du coût de l’eau pour les usagers. C’est ce qu’argumente le collectif à l’incitative de la mobilisation, en s’appuyant sur l’exemple parisien.

« Quand vous revenez en Régie Publique après 30 ans de délégation, vous ne savez pas dans quel état vous allez récupérer le patrimoine… Sur le Grand Lyon, le taux de renouvellement du réseau est de 0,5%. Pour renouveler l’ensemble du réseau, il faudrait 200 ans !

Sur la communauté urbaine, il y a plus de 22% de fuites. Quand Véolia pompe 100 millions de mètres cube d’eau, il en distribue moins de 80. Où passent les 20 millions de mètres cube – qui représentent 20 millions d’euros environ ?

Donc un retour en régie Publique se traduira dans un premier temps par plus d’investissement. Donc la baisse ne sera pas aussi forte immédiatement que ce qu’elle pourrait être. »

A Paris, le prix de l’eau à commencer à baisser au bout d’un an une fois le constat fait des marges suffisantes qui étaient réalisées. Libéré de l’obligation de rémunérer les actionnaires, la communauté urbaine de Lyon doit à son tour se réapproprier l’ensemble de la gestion pour agir concrètement sur les coûts.

« Cela coûtera moins cher parce que vous n’aurez pas à rémunérer les actionnaires. On nous dit : « Ces grands groupes ont une capacité de mutualisation au niveau national qui leur fait faire des économies d’échelle…. »

C’est vrai, mais en même temps en partie faux. Car ces grands groupes peuvent passer des marchés sans appel public. Ils font marcher leur sous traitants. Quand Véolia affiche une marge de 12% annuel en 2011, la réalité est proche de 17 à 18% car ils font faire du bénéfice à des sous traitants qui n’apparaissent pas.

En Régie Publique, il y a un appel à marchés à chaque fois que l’on fait des travaux. Le Grand Lyon reconnaît lui-même que quand il fait des appels à marchés avec les mêmes sous traitants que Véolia, il est 50% moins cher. »

C’est donc en toute connaissance de cause que les élus communautaires devront se prononcer le 12 novembre prochain, aidés par l’action du Collectif Les Etats Généraux du Service Public 69.

D’ores et déjà, la maire du 1er arrondissement, Nathalie Perrin-Gilbert, a a décidé de soutenir la gestion publique de l’eau, après avoir assisté au dernier débat du collectif ce samedi 13 octobre. Un collectif qui ne relâchera pas la pression si d’aventure la délégation de service public était reconduite. Jusqu’en 2015, tout reste possible…

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