jeudi, mars 28, 2024

La grand-mère de Jade de Frédérique Deghelt (Actes Sud)

Quand bien même il est paru en 2008, le roman « La grand-mère de Jade » de Frédérique Deghelt (Actes Sud) raconte une histoire du même type que celle qui fit la une des médias il y a quelques semaines.

Jeanne, c’est Mamoune, mère de trois filles embourgeoisées et d’un fils artiste, mais, surtout, grand-mère de Jade.

Devenue veuve, la vieille dame continuait à vivre paisiblement dans sa maison jusqu’au jour où on la retrouva inconsciente à côté de son frigidaire.

Ses trois filles décidèrent aussitôt de la placer dans une maison médicalisée, autrement appelée un home, voire un mouroir.

Mais, Jade décida qu’il n’en serait pas ainsi et l’hébergea dans son appartement à Paris.

Cela rappelle, donc, qu’il y a quelques semaines, une dame âgée avait décidé de rentrer chez elle et de fuir la maison de retraite avec la complicité bienveillante de son petit-fils car, comme Mamoune, elle se

sentait encore vaillante et ne voyait pas la raison de son placement en institution. Ainsi, elle avait organisé son propre rapt !

Mais, pour en revenir à Mamoune, celle-ci évoqua le geste de Jade de manière fort complice, elle aussi : « Je n’ai pas su comment refuser ce que j’espérais tellement. Qu’une bonne étoile veille sur ma liberté de vieille femme… »

Ce roman plein de fraîcheur met aux prises deux générations ; celle de la grand-mère et de ses souvenirs marquants, dont ceux de la lecture de livres en cachette durant des décennies, et celle de Jade, jeune journaliste parisienne vivant son existence à du 100 à l’heure mais prenant, quand même, le temps d’entourer Mamoune d’une touchante tendresse.

Une grand-mère montagnarde à qui la romancière prête un véritable langage d’académicienne tant ses lectures furent nombreuses et de qualité.

Voici quatre propos qui situent davantage ce personnage hors du commun :

« Quand j’étais jeune, les vieux étaient vieux et aujourd’hui que je suis vieille les vieux se doivent d’être jeunes. »

« Tout ce qui meurt dans la nature finit par renaître. Est-ce un espoir pour autant ? »

« Ne sommes-nous pas ce que les autres imaginent de nous ? »

« Il ne faut rien regretter, cela empêche de bien vivre. »

Ceci précisé, la fin du roman relève de la surprise totale et est inattendue après quatre cents pages d’une sorte de dialogue « merveilleux » entre grand-mère et petite-fille !

Pierre Guelff.

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