jeudi, mars 28, 2024

Un tigre ? Non, une carcasse dans le moteur !

Une usine vient de démarrer une production de biocarburants inédite en France à base de carcasses d’animaux.

Située au Havre, Estener est le fruit d’un partenariat entre le groupement des Mousquetaires, et le  groupe d’équarrissage Saria Industries.

Ainsi, les carcasses issues des abattoirs, des points de vente et des restaurants du groupe Intermarché vont finir dans les réservoirs des voitures faisant le plein dans ses stations-services. Comme on dit dans en physique, la boucle est bouclée.

Et sur le plan médiatique, l’opération est bonne, car le problème n°1 des producteurs de biocarburants jusqu’à maintenant, c’était la matière première qui sert à les fabriquer.

Si un producteur de biocarburants utilise des céréales destinées à l’alimentation humaine, il est accusé de faire plus de mal que de bien à la planète, car il aura certes évité la consommation de ressources fossiles, comme le pétrole, mais il aura en même temps utilisé ce qu’on appelle une ressource vivrière, destinée à l’alimentation des hommes.

Or dans le cas de la nouvelle usine du Havre, ce sont les carcasses et les morceaux impropres à la consommation humaine qui vont être utilisés pour fabriquer ce biodiesel animal.

De plus, ce carburant a l’avantage de faire réaliser une économie de 83% d’émissions de gaz à effet de serre selon ses promoteurs, ainsi qu’une diminution des émissions de monoxyde de carbone de 10%.

Ces déchets étaient jusqu’à présent vouées à  produire de la chaleur en étant incinérés. Cette chaleur servait au chauffage de sites industriels locaux. Désormais, les graisses, le cuir et l’eau issues de ces déchets seront transformées en biocarburant par une opération de transestérification.

Ce carburant part ensuite par bateau vers les dépôts pétroliers de la façade atlantique afin d’y être mélangé à du diesel classique, puis livré aux stations-services d’Intermarché.

C’est un projet industriel important même si en comparaison du biocarburant végétal ce biodiesel animal reste mineur, et encore plus vis-à-vis du diesel classique à base de pétrole.

Toutefois, quelques voix détonnent dans le concert de louanges adressé à ce projet. Un agriculteur, cité par le magazine 76actu.fr, a fait une étude sur le sujet, et il affirme que l’efficacité de cette production au niveau globale serait nulle. Selon lui, le fioul utilisé à la place des graisses pour chauffer les autres usines produira des gaz à effets de serre, et annulera les effets positifs de ce nouveau carburant.

Aujourd’hui en France, la part maximale de biocarburants d’origine végétale est plafonnée à 7% dans le diesel qu’on trouve à la pompe car l’Union Européenne ne veut plus des biocarburants de première génération. Cette nouvelle génération  de biodiésel d’origine animale produite au Havre pourrait pousser Bruxelles à revoir ses quotas à la hausse.

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