jeudi, mars 28, 2024

L’indemnisation kilométrique vélo, beau projet en manque de soutien

Le gouvernement réfléchit à indemniser les salariés faisant leurs trajets domicile-travail en vélo. Pressée par les lobbies pro-bicyclette, la main du législateur reste molle à l’heure de passer à l’acte.

Dans certains pays européens, les trajets domicile-travail sont indemnisés aux salariés dès lors qu’ils sont effectués en vélo. C’est le cas notamment aux Pays-Bas, au Danemark ou en Allemagne. Ce n’est pas le cas en France, et les défenseurs de la petite reine voudraient faire changer cela. Car selon eux, utiliser un vélo chaque jour coûte de l’argent à son utilisateur, bien plus que pour un usage en loisir. Dès qu’il fait froid, qu’il pleut, que la nuit tombe tôt les vélos de premiers prix ne suffisent plus et il faut accéder à un bon équipement ainsi qu’un entretien régulier.

Le cycliste est également confronté au risque de vol de son véhicule, ce qui là encore laisse envisager de nouveaux frais. Et puis certains employés se sont rapprochés de leur travail pour pouvoir y venir en vélo, quitte à payer leur logement plus cher.

"Le vélo c'est la santé ! ", leitmotiv des défenseurs de l'indemnité kilométrique vélo
« Le vélo c’est la santé ! « , leitmotiv des défenseurs de l’indemnité kilométrique vélo

Face à ces arguments, la France, avec sa vivacité légendaire, se pose encore la question de savoir si c‘est possible, si c’est utile, et même si c’est pertinent de créer cette indemnité kilométrique pour les déplacements domicile travail en vélo. Le ministère du développement durable a donc demandé des rapports d’experts, des études de cas et des batteries de contre-expertises avant de passer éventuellement à l’action.

La proposition : 25 centimes par kilomètre

Donc c’est la coordination interministérielle pour le développement de l’usage du vélo qui s’y colle. Pour résumer, son étude préconise une indemnisation de 25 centimes par km parcourus. Elle justifie cette dépense collective par l’impact fort de l’augmentation de l’activité physique générale des Français ainsi engendrée : bénéfice en matière de santé et même de productivité au travail. L’étude prend l’exemple de la Suisse, où les dépenses de santé sont de 140 euros par an et par habitant à cause de la sous-activité physique de ses citoyens. Ce qui fait qu’une moyenne de 1400 km de vélo par an redresserait la ligne abdominale des Hélvètes et ferait faire à leur sécurité sociale des économies de 10 centimes par an par km parcouru. Par contre la productivité au travail, elle, n’a pas pu être mesurée, mais elle pourrait se traduire par 15% de jours d’arrêts-maladie en moins pour les cyclistes par rapport aux autres employés, ce qui représente là aussi des économies. Malheureusement, selon le journal Le monde, cette indemnité kilométrique serait mal partie pour aboutir lors de la réunion du groupe de travail prévue en juin sur le plan national vélo, et ressemblerait plutôt à une « chambre à air dégonflée », car si elle voyait éventuellement le jour, elle ne serait soumise qu’à la bonne volonté de l’employeur.

Par Jean-Brice SENEGAS

2 Commentaires

  1. Je n’en ai jamais entendu parlé au Danemark ? (à part la déduction fiscale kilométrique qui vaut pour tous les moyens de transport au delà de 24 km / jour). À quelle règle faites vous référence exactement ?

  2. Bonjour,

    Je dois dire qu’en cycliste convaincue, je trouve cette initiative super et j’espère que cela va être mis en place rapidement et que le gouvernement va arrêter de se demander si c’est utile…

    Pour ma part, le trajet que j’emprunte pour aller de mon domicile à mon travail comporte entre 70 et 80 % de pistes cyclables. Le problème est que la plupart des pistes cyclables ne sont pas respectées en tant que telles par les piétons et qu’il n’y a pas d’indication pour les dissuader d’emprunter ces pistes.

    Mon employeur, une entreprise d’épicerie fine dans le département des hauts de Seine, veut interdire aux cyclistes (nous sommes seulement deux et il y a largement la place autour du bâtiment pour y entreposer des bicyclettes sans gêner qui que ce soit) de rentrer dans l’enceinte de l’entreprise avec une bicyclette. Il est bien entendu que cela va nous empêcher de venir travailler en vélo et que cela va donc à l’encontre de la loi en question.

    Est-ce une volonté de contrer cette loi ? Et dans ce cas cela risque de faire boule de neige histoire de ne pas payer cette indemnisation…

    Au même titre qu’en Belgique toute nouvelle construction doit comporter un garage à vélo, il faudrait obliger également les entreprises d’avoir un emplacement pour y loger des vélos

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