mardi, avril 16, 2024

Quand les routes nationales deviennent payantes (rediffusion)

Une autoroute privatisée, quoi de plus banal, mais une route nationale, c’est plus original, et voilà pourquoi la polémique éclate en Bourgogne.

Sur les 1000 km de route nationale à 2 fois 2 voies allant de la façade atlantique à l’Europe de l’Est, il restait un tronçon de 160 km en voie unique, à cheval sur l’Allier et la Saône-et-Loire.

Cette fameuse Route Centre Europe Atlantique, la RCEA, est empruntée dans l’Allier par 50 pour cent de poids lourds, et elle s’avère extrêmement dangereuse.

Le 24 juin dernier, l’Etat a pris sa décision : cette portion de la RCEA sera aménagée en 2 fois deux voies dès 2017.

La ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet a expliqué faire le choix de la sécurité, car 100 personnes sont mortes en cinq ans sur cette route dite « de la honte », entre Montmarault dans l’Allier et Mâcon/Châlon sur Saône en Saône et Loire.

Sur ce point de la mise à 2 fois deux voies, le consensus existe au niveau local.

Mais c’est la manière qui ne plaît pas à tout le monde. Autrement dit, l’amélioration de la circulation avec une 2 fois 2 voies, tout le monde est pour, mais quand il s’agit du financement c’est autre chose.

L’Etat a choisi le modèle de la concession privée pour financer le milliard d’euros pour les aménagements nécessaires.

Cela veut dire que des péages vont apparaître, il y en aura trois en Allier et 3 en Saône et Loire.

Cela veut aussi dire que cette portion de route nationale jusqu’ici gratuite devient payante.

Les élus locaux de l’Allier étaient d’accord avec cette formule, à condition que les déplacements locaux soient gratuits. Une condition que l’état n’a absolument pas confirmée et sur laquelle ils ne s’est pas du tout engagé. La ministre de l’Ecologie a simplement indiqué étudier les propositions faites.

Dans le département voisin, on est contre cette privatisation de la nationale. Dans son fief, le socialiste Arnaud Montebourg tente de faire barrage à la décision de l’état.

Avec la verve qu’on lui connaît, Montebourg peste contre le gouvernement : « C’est une décision stupide, économiquement absurde. Où sont les garanties [sur la gratuité pour les déplacements des locaux ? On endort l’opinion publique ! » s’enflamme-t-il. Et de regretter un financement fait par les citoyens depuis plus de 20 ans, en passe d’être légué au privé.

La gauche n’avance pas sans arguments, puisqu’elle a un projet alternatif dont l’état ne veut pas entendre parler.

Elle voudrait faire financer les travaux de mise à deux fois deux voies de la RCEA en faisant un emprunt qui serait remboursé par les recettes de l’écotaxe des poids lourds dont nous parlions dans une chronique précédente.

En tant que président du conseil général de la Saône et Loire, Arnaud Montebourg a annoncé la tenue d’un référendum le 20 novembre prochain, pour que les citoyens s’expriment sur le sujet.

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