jeudi, mars 28, 2024

Coupures d’eau : Le droit encore bafoué

Monde Solidaire s’intéresse une fois encore aux coupure d’eau à travers deux cas où Véolia brave la loi. Avec Emmanuel Poilane, le directeur de France Libertés.

Les coupures d’eau sont illégales. Le Conseil Constitutionnel – Coupures d’eau illégales l’a clairement énoncé il y a quelques semaines. Et pourtant, cela n’empêche pas les grandes entreprises de l’eau de continuer à couper délibérément l’eau à des familles entières.

Dernièrement, c’est Véolia qui, en pleine canicule, a privé d’eau 10 familles d’un immeuble de Sète, dans l’Hérault, pendant 25 jours. Et à Puteaux, c’est encore Véolia qui doit justifier ses pratiques devant le tribunal  d’instance.

A Sète, tout d’abord, les habitants d’un immeuble sont pris en otage par Véolia qui est en litige avec le syndic.

« Cette coupure sur un immeuble a duré pratiquement un mois. Véolia a l’habitude de couper l’eau à des immeubles entiers, avec l’idée que, sous pression des locataires, le syndic va payer immédiatement la facture et qu’ils vont pouvoir remettre l’eau le lendemain.

Le cas particulier de Sète nous permet d’éclairer des pratiques qui sont inadmissibles. Quand une entreprise rencontre un problème économique, comme ici à Sète, elle doit pouvoir traiter le problème devant un tribunal ou par voie d’huissier, mais absolument pas en prenant en otage des usagers. Et encore moins en période de canicule, quand on sait que dans cet immeuble il y a une dame de 98 ans à qui on conseille de se rafraîchir toutes les heures alors que dans la réalité elle n’a pas d’eau.

Le comble, c’est que quand on discute avec cette entreprise, elle dit qu’elle ne pratique pas ces coupures, alors que l’on a sans cesse des exemples qui contredise cela.

C’est un cas emblématique qui devrait nous permettre de faire en sorte qu’à l’avenir, en aucun cas une entreprise puisse couper un immeuble à cause d’un conflit de syndic. »

Véolia joue ici sur les mots parce qu’il n’y a pas eu coupure d’eau, mais réduction du débit d’eau.

« Au final c’est la même chose. Si vous réduisez la pression dans un immeuble de deux étages, l’eau ne monte pas au deuxième étage, et si tout le monde ouvre le robinet en même temps, il n’y a plus d’eau du tout.

On en a marre de ces entreprises qui jouent avec les mots pour continuer à jouer la loi du plus fort. On a besoin, notamment dans la mise en oeuvre d’un service public de l’eau, d’avoir des acteurs économiques ou publics qui jouent le jeu du service public, et non pas le jeu du business. Cela pose plusieurs questions. Quel est le jeu des élus par rapport à çà ? Est-ce que les élus sont d’accord avec ces pratiques ? Est-ce qu’ils les connaissent et est-ce qu’ils les valident ? Si c’est le cas, cela pose un vrai problème de démocratie dans notre pays. Comment confier alors un service public à des entreprises si derrière elles se comportent de cette façon là ? Est-ce qu’il n’y a pas là matière à penser une reprise en main du service public de l’eau par les collectivités elle mêmes pour cesser ces dérives insupportables ? »

En ce qui concerne l’affaire de Puteaux, c’est le même cas d’espèce. Véolia met en doute la bonne foi des locataires… en faisant preuve de mauvaise foi.

« Ce cas met en exergue les dysfonctionnements majeurs de la machine Véolia. La locataire affirmait dans un reportage sur TF1 qu’elle n’avait pas d’eau. Le directeur de la communication de Véolia a mis la pression sur TF1 pour dire que c’était un faux reportage. Le service clientèle nous affirmait également que c’était faux, que la personne avait l’eau et que c’était elle même qui avait coupé son robinet d’arrêt. On a donc envoyé un huissier de justice chez la dame pour prouver qu’elle n’avait pas d’eau du tout. Cela met en exergue que, quand un haut responsable de Véolia parle, il ne faut pas forcément lui faire confiance, parce qu’il n’a pas la capacité de savoir ce qui se passe sur le terrain. Donc, confier le service public de l’eau à des entreprises qui gèrent cela de façon globale sans avoir la capacité de tisser ce lien avec l’usager du service public, cela pose question sur la mise en oeuvre de l’accès à l’eau qui est primordial pour vivre dignement. »

  • Les jugements de ces deux affaires seront rendus à l’automne.
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© France Libertés

On termine par un coup de projecteur sur une initiative ludique de France Libertés, puisque le droit à l’eau passe aussi par l’éducation à l’eau et à l’environnement.

« On a lancé un nouveau jeu destiné aux écoles et aux centres de loisirs sur la question “Eau et Climat”. Le jeu s’appelle « Equilibro » et est disponible sur la Equilibro sur le boutique en lignede notre site internet. Il va être testé dans la plupart des centres de loisirs Léo Lagrange durant l’été. Il sera également testé dans une centaine d’écoles parisiennes dès la rentrée de septembre. C’est un bel outil pour faire jouer des groupes d’enfants afin de leur faire mieux comprendre ce qu’est le changement climatique et les mettre ainsi dans l’action pour qu’ils deviennent des acteurs de la lutte contre le changement climatique. »

[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x2vd0gy_jeu-l-equilibro-pour-une-planete-bien-dans-ses-baskets_news[/dailymotion]

Pour aller plus loin :

[youtube]http://youtu.be/6b27zvQ0rso[/youtube]

 

 

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