jeudi, mars 28, 2024

Quand la nuit porte conseil (45) : Proust : thérapeute ?

11056964_10206098411402391_210843509_n (2) - Copie copie2« Quand la nuit porte conseil » : citations, proverbes, paroles de vie, coutumes, légendes, croyances populaires du monde entier… proposés par Pierre Guelff.

Un accident, une maladie, un dysfonctionnement… et votre équilibre peut être sérieusement perturbé à cause de troubles vestibulaires de l’oreille interne ou autre pathologie, comme la perte d’acuité visuelle.

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Marcel Proust (1871-1922)

Grâce à la médecine, plus spécifiquement en ORL et neurologie, accouplée à la kinésithérapie spécialisée en rééducation neurologique ou vestibulaire, les patients de certains hôpitaux ou cliniques, souvent universitaires, voire des services de centres médicaux centrés sur ce type de pathologie invalidante, constatent de sensibles améliorations grâce à… Proust ! Oui, grâce à cet écrivain, à cheval entre les XIXe et XXe siècles (1871-1922), qui fit dire à Céline : « Proust explique beaucoup trop pour mon goût… 300 pages pour nous faire comprendre que Tutur encule Tatave, c’est trop… »[1] et, encore, ces propos de l’auteur Tomas Dietrich : « …rédiger de manière proustienne, des logorrhées verbeuses avec des tonnes d’adjectifs, de répétitions, d’envolées lyriques… »[2]

Mais, quel rapport avec la médecine, me direz-vous ? Eh bien, un exercice de rééducation consiste à lire, quasi mot à mot, ligne après ligne, de gauche à droite, puis de haut en bas, un même texte qu’il est impossible de mémoriser tant il est complexe, ennuyeux ou rebutant. Alors, avec tout le respect que l’on doit à Marcel Proust, c’est son récit dévolu à la fameuse madeleine qui est parfois proposé. Une véritable « torture », pour certains, mais aux résultats médicaux probants, semble-t-il.

Datant de 1913, à lire comme faisant partie d’une thérapie moderne, et, en filigrane, clin d’œil à une certaine littérature, ce « remède » remonte à plus d’un siècle ! En voici une phrase, une seule !

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Extrait de la fameuse madeleine de Proust, à lire, mot à mot, de gauche à droite, ligne après ligne, puis, de haut en bas…

« La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d’autres plus récents ; peut-être parce que, de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s’était désagrégé ; les formes – et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot – s’étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d’expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. »

Musique de Michaël Mathy

https://www.facebook.com/michael.mathy?fref=ts

Sources : « France, Belgique, Ardennes Mystérieuses », « Mémoires d’un journaliste révolté »…  de Pierre Guelff aux Éditions Jourdan.

http://www.editionsjourdan.com/index.php

[1] Jean-Claude Vantroyen, dans « Le Soir », décembre 2015.

[2] « Les enfants de Toumaï », Tomas Dietrich, Albin Michel, 2016.

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