« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
Depuis toute petite, Sakineh, musulmane tchadienne, a appris à dissimuler ses émotions. Ne jamais rien montrer. Jamais ! Elle attend que son père et tous les hommes de sa famille lui annoncent qui sera son époux. Et puis, un terrible orage s’abat et Sakineh voit son père foudroyé. Elle souhaite sa mort. Il meurt. Elle se sent libre et accompagne sa sœur au Caire, où elle doit accoucher, et elle lui sert de bonniche.
Dans le roman « Les enfants de Toumaï » de Thomas Dietrich, voici, aussi, Emmanuel, dont l’idéal révolutionnaire irrite son entourage. Il est considéré avec mépris, même à l’université. Il a créé le Parti maoïste tchadien, qui ne compte qu’un adhérent n’ayant même pas payé sa cotisation. Emmanuel a troqué la foi chrétienne familiale pour le « Petit Livre rouge » de Mao. Il doit fuir sa ville, son pays et, après maintes péripéties, il se retrouve également au Caire.
Sakineh et Emmanuel se rencontrent : « Elle, musulmane, lui, chrétien, et pourtant, ils s’aimaient comme deux enfants. »
Ils se retrouvent à Paris, là où Sakineh est violentée, puis sauvée par Emmanuel. Ils reviennent au Caire et attendent un enfant. Leur enfant. « Celui qui poussera son premier cri, leur cri à eux trois, le cri de ceux qui ont tant lutté pour naître et renaître. »
Retour forcé au Tchad et ce roman exceptionnel se termine par ce constat : « Une dictature a tous les droits sur les vivants : de les opprimer, de les voler, de les tuer…, mais elle n’en a aucun sur les trépassés. »
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