jeudi, mars 28, 2024

Reportage : Histoire d’une victoire pour la démocratie et la santé publique !  

Reportage « Fréquence Terre » dans la Capitale de l’Europe.

Dimanche matin, le bâtiment de trois étages visé par un opérateur de télécommunications.

Douze antennes d’un coup sur un toit d’un immeuble à habitations en plein cœur d’un quartier « vert » bruxellois : les citoyens et les autorités communales sont littéralement choquées par ce passage en force d’un opérateur au détriment de la santé publique, des démarches officielles appelant à revoir ce projet, des pétitions, des alternatives crédibles proposées…

Celles-ci sont, entre autres, les liaisons filaires, la technologie de la fibre optique, le CPL ou courant porteur en ligne, un redéploiement du réseau avec interdiction d’installations de stations près d’écoles, sur des terrasses d’immeubles d’habitations, d’hôpitaux, etc., en antennes plus nombreuses et nettement moins puissantes avec un seuil d’exposition maximal de 0,6 volt/mètre au lieu des 40 à 60 !

Dimanche fin d’après-midi : emplacements réservés aux engins de l’opérateur.

L’argument « Nimby » ou « pas dans mon jardin » ne tient donc pas face à l’exemple de la ville Salzbourg (150 000 habitants) qui a appliqué ce redéploiement sans nuire du tout au fonctionnement normal de la téléphonie mobile, par exemple, mais, surtout, avec nettement moins de souffrances des riverains.

Visiblement, tous ces arguments ne touchent même pas les lobbys des opérateurs bruxellois, comme l’explique un citoyen du quartier, alors que deux politiques, MM. Olivier Maingain, député-maire, et Jean-Claude Laes, conseiller communal, mettent en évidence les difficultés pour les autorités de faire appliquer leur volonté de protéger le citoyen et, dans ce cas-ci, de soutenir leur initiative.

La totalité des interviews d’un citoyen habitant le quartier, du député-maire Maingain et du conseiller communal, est disponible dans le podcast ci-dessous.

Pour rappel, les effets néfastes des antennes relais sont les suivants, selon « Top Santé », sur base d’études scientifiques effectuées en Pologne, Égypte, Brésil, Autriche…, de 2005 à 2015 : troubles du sommeil, de la vision, maux de tête, vertiges, développement de certains cancers (prostate, seins, poumons, reins, cerveau, foie…)

Et le dialogue ?

 Un habitant du quartier au micro de « Fréquence Terre » :

 Nous sommes dans un quartier résidentiel où habitent des familles avec enfants, des retraités… Tout d’un coup, on apprend qu’un opérateur de télécommunications a obtenu un permis pour installer douze antennes sur le toit d’un immeuble, sans qu’aucune information ne soit jamais donnée aux habitants. Des habitants ont réagi, soutenus par les autorités communales, selon un processus légal et correct, car nous avons constaté beaucoup de fautes dans le dossier.

Malgré tout cela, l’opérateur veut installer ses antennes, alors qu’il n’y a aucune raison de précipiter les choses puisque les audiences sont prochainement prévues.

Nous sommes choqués et nous espérons par notre action citoyenne d’empêcher ce montage, nouer le dialogue pour une solution négociée plutôt que passer en force !

Olivier Maingain, député-maire : « Le principe de précaution est en discussion… »

Lundi peu avant 8 heures, Olivier Maingain, député-maire, des citoyens et le correspondant de « Fréquence Terre » dans la capitale de l’Europe.

 Olivier Maingain, député-maire de Woluwe-Saint-Lambert, une des dix-sept communes formant Bruxelles, précise aussi :

– J’ai demandé à nos ministres de réintroduire la procédure d’enquête publique préalable, parce que ce serait utile d’avoir un débat avec les citoyens. On vérifie, aussi, mais c’est plus aléatoire, s’il ne faut pas un permis d’urbanisme.

Ma démarche actuelle est de convaincre l’opérateur de ne pas entamer le chantier, car s’il perd dans les procédures, il va devoir démonter et économiquement, ce sera un mauvais calcul pour lui.

– Et le principe de précaution ?

– Les normes en région bruxelloise sont considérées comme trop strictes par les opérateurs, d’autres personnes pensent le contraire. C’est en discussion au gouvernement régional bruxellois.

– Et disséminer les antennes de plus faibles puissantes plutôt qu’installer des stations et, ainsi, diminuer les effets néfastes pour la population ?

– Je ne suis pas certain que ce soit non plus admis par la population ! Il faut certainement expliquer aux gens les techniques possibles, mais fondamentalement, ce qui n’est pas acceptable, c’est qu’il n’y ait plus de procédure publique de concertation.

À la Commune, nous avons déjà adopté une résolution avec nos conditions de placement d’antennes, dont les distances par rapport aux crèches, écoles, hôpitaux… Ce principe de précaution est donc en discussion au gouvernement.

 Jean-Claude Lays, conseiller communal : « Ce n’est pas moi, ce sont les autres… »

Jean-Claude Laes, conseiller communal, au micro de Pierre Guelff.

 Nous avons une lasagne institutionnelle avec des niveaux de pouvoir différents qui décident des choses différentes. Le paradoxe est que les communes sont parfois amenées à introduire des recours contre des décisions prises au niveau régional, et ce sont les mêmes personnes ou sensibilités que l’on retrouve des deux côtés ! Les compétences sont tellement morcelées, que l’on peut toujours dire : « Ce n’est pas moi, ce sont les autres ! »

– Et le citoyen, alors ?

– Le citoyen c’est, précisément, le résultat quelle que soit la lasagne institutionnelle…

 Pour quelques sous de plus…

 L’habitant du quartier ajouta :

– Comme ces douze antennes vont être placées assez bas, toutes les ondes vont frapper de plein fouet les habitants du quartier. Outre ce problème de santé publique, il y a l’aspect urbanistique : tomber sur une station du futur dans un quartier vert, c’est un anachronisme total.

Le propriétaire du bâtiment, qui habite dans un autre quartier de Bruxelles, met à mal la vie de centaines de gens pour quelques sous de plus…

 Marche arrière

Lundi peu après 8 heures, arrivée du matériel de l’opérateur.

Alors, que se passa-t-il ? Les grues et le matériel de la société de télécommunication se présentèrent sur les lieux vers 8 heures du matin, alors que, depuis plusieurs jours, des emplacements leur étaient réservés devant le bâtiment visé par leur opération.

Des habitants du quartier s’opposent pacifiquement à l’installation des douze antennes.

Des habitants leur firent pacifiquement barrage, les autorités communales revinrent sur place, des tractations s’opérèrent et, au bout de quelques heures, une grande explosion de joie :

« L’opérateur a accepté de suspendre l’installation des antennes et de veiller à une concertation avec les autorités communales et les riverains ! »

Lundi, fin de matinée : les habitants clament leur joie ! L’opération est suspendue.

Comme le dit une habitante : « Un petit mouvement citoyen a réussi à se réapproprier la démocratie citoyenne ! » et, ajoutons-nous, un espace de liberté pour faire valoir les droits au respect de la santé et de l’environnement.

Sources photos : Comité de Quartier 26 Tytgat-Bruxelles et P.Gf

Partenariat : « POUR », hebdomadaire, numéro spécial « Climat »

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