jeudi, mars 28, 2024

« Ce feu qui me dévore » de Paul Couturiau (Presses de la Cité)

« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.

 Si comparaison n’est pas raison, le personnage principal, Bernard Bertin, du roman « Ce feu qui me dévore » de Paul Couturiau paru dans la collection « Terres de France » aux Presses de la Cité, me fait fortement penser à Meursault dans « L’Étranger », le mythique livre d’Albert Camus.

D’ailleurs, l’auteur lui rend hommage en citant le célèbre Prix Nobel 1957 : « C’est l’histoire d’un homme banal, innocent, que la justice prend pour un criminel. Tout cela parce qu’il refuse de mentir  et d’entrer dans son jeu. »

Avec Paul Couturiau, nous voici à Metz en 1970. La maison des Bertin est en feu. Bernard, 18 ans, le fils, arrive sur les lieux du drame. Sa mère décède et son père brûle sous ses yeux. Certains témoins disent qu’il sourit.

Paul Couturiau.

« Oui, je souris : sans doute parce que je déteste cette maison. J’y ai passé des heures horribles. Des heures d’une souffrance que je ne souhaite à personne. Cette maison est celle du malheur… »

Cette déclaration va le poursuivre, alors qu’il ne s’agit pas de la vérité.

Albert Camus (photo « Carnets » Folio)

Et, voici, donc, Meursault quand Bernard déclare : « Demain, ou dans peu de temps, je serai enfermé derrière les barreaux et tout cela n’aura plus de sens. ». À vrai dire, « quelqu’un » a reproduit dans la réalité ce que Bernard avait écrit dans un futur roman. « Je ne suis pas coupable, mais c’est bien moi qui ai inspiré le pyromane, non ? Je n’étais pas né que j’avais déjà été condamné alors à quoi bon lutter ? » Du Camus, non ?

Ensuite, voici deux phrases qui corroborent le climat  dans lequel se déroule une situation minutieusement décrite par l’auteur : « À l’adolescence, on ne cherche pas à comprendre, on juge et on condamne… La plupart des adultes ne dépassent jamais cet âge-là » et «  Le silence est le meilleur allié de la lâcheté ».

Ici, ce n’est plus du Camus mais du Gérard de Cortanze, Prix Renaudot et de l’Académie française, qui déclara il y a peu[1] : « En réalité, un écrivain ne fait rien d’autre que d’écrire des biographies, qui sont celles de ses personnages. Tous les livres sont autobiographiques. »

Dans le fond, avec son dernier ouvrage, Paul Couturiau prouve, à suffisance, que son écriture raffinée mérite bien ces deux comparaisons.

[1] « Le Soir », 27 janvier 2018.

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