mercredi, avril 17, 2024

Rythme cardiaque : que de morts subites et pathologies graves !

« Rythme cardiaque, rythme de vie » du Pr Scavée, Éditions Mardaga.

Christophe Scavée est cardiologue et professeur d’université[1], mais, surtout, spécialiste de réputation internationale en rythmologie. Il vient de publier un ouvrage[2] à l’heure où, dans le monde entier, l’alerte est donnée sur le nombre impressionnant de morts subites et accidents cardio-vasculaires majeurs.

Certes, on sait que le cœur est l’organe vital par excellence, mais, jamais, semble-t-il, il n’en a été autant question ces derniers temps : des dizaines de morts subites quotidiennement (130 en France, 30 en Belgique…), pas seulement chez les nourrissons, décès de jeunes sportifs lors de compétitions, tel le cycliste Michaël Goolaerts au récent Paris-Roubaix, aorte défaillante du roi Albert II, cri d’alarme lancé par des centaines de spécialistes sur les effets cardio-vasculaires de la pollution atmosphérique dans les villes…, au point que se succèdent des campagnes de prévention : Semaine du Rythme cardiaque en Belgique, Journée Mondiale du cœur, Parcours du Cœur en France dans près de 1.000 villes avec quelque 200.000 participants… C’est dire l’ampleur de ce « fléau » !

  • La situation semble devenir de plus en plus préoccupante au niveau des morts subites. Corroborez-vous ce diagnostic ?
Le professeur Christophe Scavéee, cardiologue et rythmologue de réputation internationale, au micro de « Fréquence Terre ».

La mort subite cardiaque (MS) a toujours existé et n’est pas un phénomène nouveau. Elle peut toucher toutes les tranches de la population. Les statistiques vont de 0,1 à 0,2% avec, bien entendu, des pics d’incidence chez les personnes âgées et surtout à partir de 35 ans. Rappelons que la MS d’origine cardiaque est une mort naturelle et représente à peu près 13% du total des morts naturelles et la moitié des morts d’origine cardiaque.

Pacemakers et cœurs artificiels

  • D’un autre côté, que de progrès avec la miniaturisation poussée des pacemakers et même de sérieux espoirs fondés dans le cœur artificiel pour prolonger de manière significative l’existence de cardiaques considérés en fin de vie.
Évolution de la grandeur du pacemaker, à présent de la taille d’une pièce de 20 cents.

Le pacemaker ou stimulateur cardiaque est un petit appareil électronique que l’on implante chez les patients dont le rythme est trop lent et il prolonge leur vie. Actuellement, il existe des stimulateurs cardiaques de la taille de 1 à 2 cm maximum. Ils sont donc faciles à implanter chez des personnes âgées, et c’est surtout une fantastique évolution qui va dans le sens de l’amélioration des soins de santé.  Les progrès vont aussi dans le sens de la réparation d’un cœur qui est en partie détruit. On sait qu’il y a la transplantation cardiaque, mais elle a ses limites parce qu’il faut des donneurs et des cœurs nouveaux à transplanter, ce qui n’est pas toujours facile. Du coup, la technologie répond aussi à cette disponibilité par la création de modèles complètement artificiels. Les études sont en cours pour créer des appareils les plus performants possibles permettant de supplanter un cœur naturel. Les progrès sont présents et il y a de nombreux espoirs !

Facteurs de risques

  • Outre les maladies génétiques, quels sont les principaux facteurs de risques pour le système cardio-vasculaire ?

Les principales causes de maladies cardiovasculaires se retrouvent dans nos mauvaises habitudes de vie : fumer, avoir trop de cholestérol, diabète, tension artérielle trop élevée, sédentarité. Cela concerne beaucoup de gens au-delà de 35 ans et ces facteurs de risques peuvent causer des infarctus et la mort subite. Chez les patients plus jeunes, il y a des maladies génétiques, souvent d’origines familiales, plutôt rares mais qui peuvent occasionner des dégâts cardiaques importants, comme la MS telle qu’on la voit dans le sport de compétition, par exemple.

Quelques conseils

  • Quels conseils élémentaires préconisez-vous pour éviter les accidents cardiaques, voire diminuer d’éventuels troubles du rythme qui perturbent sérieusement la vie sociale et intime du citoyen ? 

C’est d’avoir un mode de vie le plus sain possible ! Au mieux, essayer d’éradiquer tous les facteurs de risques : mauvaise alimentation, manger trop gras, trop salé, trop de graisses animales, saturées et « trans », c’est-à-dire des graisses végétales industrielles transformées que l’on retrouve dans les pâtisseries, gâteaux, biscuits… Il faut aussi faire de l’activité physique, qui va modéliser notre cœur et notre rythme cardiaque et prévenir le développement de maladies cardio-vasculaires, diminuer des arythmies graves, comme la MS.

L’OMS (Organisation Mondiale Santé) conseille de pratiquer régulièrement trois heures d’activités physiques par semaine. Cela permet de gagner en qualité de vie et, surtout, de survie, car marcher de 10 à 15 minutes par jour, prolonge la vie de trois ans en moyenne. Donc, les recommandations sont relativement simples : elles sont à la fois diététiques, éliminer nos facteurs de risques, moins de stress, arrêter de fumer, réduire sa consommation d’alcool… Ainsi, quand on voit les jeunes en consommer de plus en plus, cela devient toxique à un certain niveau !

Et puis, il y a également lieu de pratiquer du yoga, de la cohérence cardiaque et, ainsi, on peut agir au niveau de notre mental, ce qui aura une influence bénéfique sur notre bien–être.

[1] UCL : Université catholique de Louvain et études spécialisées à l’Hôpital cardiologique Haut-l’Évêque de Bordeaux.

[2] « Rythme cardiaque, rythme de vie », Professeur Scavée, Éditions Mardaga, 320 pages,  19.90 euros, parution : mi-mai 2018.

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