jeudi, avril 25, 2024

« Le Marié de la Saint-Jean » d’Yves Viollier (Presses de la Cité)

« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.

 Trois frères cantonais ont des prénoms qui rappellent le chemin de vie de leurs parents : Zhida, le personnage principal du roman « Le Marié de la Saint-Jean » d’Yves Viollier (Presses de la Cité), signifie « le premier objectif est atteint », Zhiqiang, « le second objectif » et Zicheng, « ceux qui ont un but finissent toujours par l’atteindre ».

Et, Zhida, le « chintoque », comme il est écrit dans le texte, exilé en France pour études, tombe amoureux de la rousse Gabrielle, alors que son père veut la marier à Rosa, la fille de sa maîtresse.

Avouez que les quarante premières pages (sur 300), ici résumées, attirent déjà l’attention sur une situation surprenante, voire exceptionnelle, qui campe un aspect sociétal majeur, celui de l’intégration doublé de relations générationnelles traditionnelles.

Mais, ce roman est aussi une saga qui secoue les tripes de colère ou de tristesse, quand elle explique que deux des trois frères, alors âgés de 6 et 8 ans, furent littéralement séquestrés durant trois ans dans un séminaire de France où les avait envoyé leur père afin qu’ils acquièrent la culture française. Je cite, ce « salaud de Pingouin, nom donné au pion, déculotta Zhida devant une cinquantaine d’élèves afin de frapper ses petites fesses nues », alors que, durant ce temps, son père, en tant que médecin réputé, côtoyait la haute société à Phnom Penh, où la famille s’était réfugiée, la mère étant complètement soumise à ce despote.

Despote qui trouva refuge à Hong Kong face à la menace des Khmers rouges, elle restant sur place et disparaissant même lors des exactions commises au nom d’une prétendue idéologie égalitaire.

Le livre est un récit des trois jours de 1977 du mariage en Vendée de Gabrielle et de Zhida, de plongées dans le passé du jeune chinois, de rencontres entre les deux familles, de déclarations fortes, émouvantes et tellement réconfortantes dans notre société contemporaine passablement déboussolée.
Gabrielle à Zhida : « Tu apportes un nouveau sang. On va renouveler la vieille souche ! », Auguste, le père de la jeune femme : « Je vais devenir beau-père, mais l’important est que le gendre soit bon ! » et le père de Zhida, en son nom et celui de la maman disparue : « Nous sommes très heureux et très émus, Zhida. Et c’est donc avec beaucoup de satisfaction que, ta mère et moi, nous vous félicitons pour votre choix… Nous vous souhaitons une vie merveilleuse… »

 

 

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