vendredi, avril 19, 2024

Ces journalistes qui dérangent (Partenariat POUR)

Poursuivons la lecture de la « Théorie du tube de dentifrice » de Peter Singer (Le Livre de Poche), essai qui relate la vie d’Henry Spira, américano-belge dont la méthode fit plier le FBI, L’Oréal et Mc Donald’s et qu’il fut un activiste notoire pour la cause animale.

Après avoir travaillé dans la marine et été obligé de servir sous les drapeaux américains, armée dont il garda un souvenir féroce toute son existence, Spira travailla en usine et parallèlement était journaliste au Militant, le magazine du Parti Socialiste des travailleurs (SWP).

On est au mitan des années 1950 et une certaine Rosa Parks, couturière afro-américaine de l’Alabama refusa de céder sa place dans un bus réservée aux Blancs. Reconnue coupable d’infraction, les Noirs boycottèrent les services de transport et Henry Spira, en reportage, se retrouva face à Martin Luther King qui dit : « Un long chemin nous attend avant que nous puissions devenir des citoyens de 1ère classe. »

Mais les Noirs prouvèrent qu’ils pouvaient s’unir et s’organiser pour retrouver leur amour-propre.

Non seulement Spira en fit état dans ses reportages, mais il en retint les premiers fondements de sa théorie pour l’activisme citoyen : écouter les individus impliqués dans des événements, trouver ce qui les a fait passer à l’action, savoir pourquoi ils l’ont fait et ressentent.

Ainsi, il répercuta par un journalisme de terrain que des gens qui n’avaient jamais parlé en public, s’étaient levés, s’exprimaient et ressentaient une force nouvelle parce que, enfin, ils étaient écoutés.

Avec ses articles, Spira contribua à obtenir le soutien de puissants syndicats à la 1ère manifestation de masse à Washington contre le racisme dans le Sud.

Il poursuivit ses reportages de la terreur infligée par les Blancs du Sud aux Noirs et, ô crime de lèse-majesté, il s’attaqua au FBI et à son omnipotent patron, J. Edgar Hoover. Voici un extrait de l’un de ses articles : « La fonction première du FBI n’est pas le débusquage de gangs, mais celle du fichage et avec l’aide de mouchards, de parjures, de coups montés et des dossiers par millions, de tous ceux que juge dangereux un ordre social rongé par la crise. Le véritable rôle du FBI est d’orchestrer la chasse aux sorcières. »

Une des conséquences des articles de Spira est que le célèbre quotidien New York Post récupéra une bonne partie des éléments révélés par Henry Spira pour mettre au point sa propre série, ce qui, on le devine aisément n’a pas plu au FBI et au pouvoir américain.

Dès lors, un dossier dit « secret » fut ouvert à son nom et de fausses informations, des témoignages bidouillés, des accusations inventées, des renseignements trafiqués sur ses activités, constituèrent une action diffamatoire d’envergure.

Henry Spira ne se laissa pas démonter et continua son travail de journaliste d’investigation qui, nous le verrons dans une prochaine chronique, déboucha sur son engagement pour le droit des animaux, sans conteste un autre aspect de l’écologie.

Ce que l’on peut déjà avancer, c’est que le travail de correspondant de presse d’Henry Spira, fut un exemple de déontologie et d’humanisme, une véritable leçon d’une attitude d’une actualité plus que nécessaire en cette année 2021.

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