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Souci du vivant -Episode2 – Et pourquoi pas des droits de la nature ?

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Avez-vous déjà observé cette formidable ingéniosité biologique dont font preuve les espèces végétales et animales pour parvenir à un développement optimal en fonction des caractéristiques de leur milieu naturel ?

Eh bien notre espèce aurait dû évoluer avec la même logique et en prendre de la graine. Mais contrairement à l’arbre qui doit se contenter des climats à portée de racines, ou aux fauves limitées par les limites de son territoire, l’homme a progressivement étendu son terrain de chasse à la planète. La mondialisation, l’intensification des échanges internationaux, l’essor de la société de consommation ont conduit le monde occidental à dépasser toujours plus les limites biologiques des milieux naturels. Et en conséquence, les systèmes de gouvernance se sont adaptés à cette évolution et se sont dotés de règles souvent contraires aux principes régissant le vivant. La surexploitation des ressources naturelles est encouragée par le système politique, autorisée par le système juridique et motivée par le système économique sans respecter les mécanismes de la nature. Or, nous ne pouvons pas établir une société pérenne si les lois que nous établissons pour nous gouverner sont incompatibles avec celles qui régissent le système Terre et donc conduisent à son effondrement.

Réconcilier l’humain et la planète nécessite que ces mêmes systèmes économiques, politiques et juridiques aient désormais pour objectif de promouvoir les comportements qui contribuent au bien-être de la communauté du vivant, humain et non humain compris.

Dans d’autres pays, et notamment en Amérique du Sud, le mouvement pour les droits de la nature a pris de l’ampleur et instaure une dynamique d’espoir. C’est le cas de l’Équateur qui a reconnu en 2008 les droits de la nature dans sa constitution, suivi en 2010 par la Bolivie qui, à son tour, a promulgué une loi des droits de la Terre-mer. Et en Colombie, en 2018, la forêt amazonienne était reconnue comme sujet de droit. Ces décisions illustrent à quel point un changement en profondeur est possible lorsqu’il est porté par la société civile et qu’il bénéficie du soutien des institutions, notamment de la justice, qui retrouve ainsi toute sa grandeur lorsqu’elle agit pour le bien de tous. N’est-ce pas exactement le genre de récit que nous espérons voir naître en France ?

Pour reconnaître les droits de la nature, il faut enteriner que les fleuves, les forêts, les montagnes ou toute autre entité naturelle, toute espèce non humaine, ont le droit inaliénable d’exister, comme le reconnaît la déclaration universelle des droits de la Terre-mer, proclamée en 2010 en Bolivie, au cours de la conférence mondiale des Peuples sur le changement climatique. Ce texte énonce 12 droits de la nature et 13 devoirs de l’être humain envers la Terre-mer, définis comme communauté de vie indivisible composée d’êtres interdépendants et intimement liés entre eux par un destin commun. La source des droits de chaque individu humain ou non humain réside dans le fait que nous existons en tant que membres de la communauté de la Terre. Il ne s’agit pas de donner des droits à la nature, comme un souverain octroie des titres à ces sujets, mais de supprimer les lunettes déformantes à travers lesquelles les civilisations occidentales voient le monde et qui faussent la perception de notre place dans l’univers. Si nous revendiquons et protégeons les droits humains, la logique nous impose de reconnaître simultanément ceux des autres membres de la communauté du vivant. En suivant ces préceptes, nous pourrions alors utiliser les institutions, en particulier les tribunaux, pour inciter les humains à se comporter de manière à contribuer à la santé de la communauté de la Terre. Il faut bien comprendre que ces lois empêcheraient simplement que les activités humaines respectent de manière irréversible le fonctionnement des écosystèmes et compromettent leur existence, et donc la nôtre. Car jusqu’à maintenant, l’obscurantisme des dogmes économiques et industriels nous a aveuglés, essayant de faire croire qu’il existerait une concurrence entre la protection de la nature et les droits humains. Mais la seule concurrence qui existe est celle entre les dominés et les dominants, qu’ils soient humains ou non humains. Notre modèle occidental n’a pas fait qu’imposer des objectifs de croissance contraires à la vie planétaire, en puisant dans les ressources naturelles. De la même manière, il a réduit les hommes au statut de ressources humaines. L’alerte des scientifiques sur la situation planétaire est donc un appel à se débarrasser de cette vision utilitariste de la nature et d’inscrire l’harmonie avec le vivant comme condition sine qua non de la pérennité de nos sociétés humaines et de l’égalité entre tous humains et non humains.

En termes juridiques, il s’agit donc ici d’énoncer un nouvel écosystème de droits qui protège efficacement les intérêts de l’ensemble des espèces et d’instaurer des organes de gouvernance et de règlement des litiges qui garantissent aux défenseurs de la planète de pouvoir la défendre.

Ah, je vous entends déjà me dire que cela remettrait en question les principes humanistes et la garantie des droits fondamentaux humains au profit des droits de la nature. C’est une aberration tant notre interdépendance avec le vivant est une évidence. L’histoire nous montre que le droit est une fiction en constante évolution. L’humain façonne les règles sur lesquelles repose la société. Il les modifie selon ses aspirations, l’évolution des mœurs et les aléas politiques. Nos lois peuvent être un moyen de libération comme d’oppression.

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Daniel Krupka

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