Entre 2 et 3 pour cent, c’est l’augmentation des tarifs des péages d’autoroutes en vigueur le 1er février.
Une hausse qui dépasse en moyenne l’inflation actuelle en France située à 2,1 pour cent en 2011.
La première question qui vient à l’esprit de l’utilisateur des autoroutes, c’est pourquoi ?
En dehors de la raison basique de faire augmenter leur chiffre d’affaires, les sociétés d’autoroutes avancent plusieurs raisons.
Le niveau de service tout d’abord. La Sanef, par exemple, dit avoir dépensé l’an dernier 166 millions d’euros pour l’entretien et l’amélioration de son réseau.
Et puis l’usager contribue à la construction, les investissements nouveaux et les charges d’exploitation des sociétés d’autoroutes.
Vinci autoroutes explique que les services et l’inflation ne sont pas les seules raisons de cette augmentation. Il y a aussi la TAT, la taxe d’aménagement du territoire. Elle est destinée à financer les lignes déficitaires de la SNCF.
Vinci se vante d’avoir investi l’an dernier près d’un milliard d’euros. Il faut dire que cette société possède plus de la moitié du réseau, soit 4300 km en France, sous les enseignes d’ASF, Cofiroute et Escota.
Mais tout de même, les usagers prennent cette hausse de tarifs de plein fouet. Pourtant, Vinci ne pense pas les faire fuir. A la question « ne craignez-vous pas de perdre des clients ? » posée par le Parisien au président de Vinci autoroutes, Pierre Coppey, celui-ci répond tranquillement que « ses usagers sont très satisfaits », et que le problème vient plutôt d’un « décalage entre le discours des médias et la perception des automobilistes qui serait bien meilleure ».
Clairement nous sommes en présence d’un lobby surpuissant totalement sûr de son fait, et pensant avoir tous les droits. Peut-être même que ce Pierre Coppey a réussi à se convaincre lui-même de son discours. Mais comment peut-on affirmer de telles inepties ! L’argument ne vaut pas, et le dirigeant qu’il est se dit que si le cash rentre même en temps de crise, il faut en profiter.
L’exemple du paquet vert est typique de l’hypocrisie de ce secteur : avec la prolongation d’un an de la concession des autoroutes en 2009, une contrepartie était demandée aux sociétés privées : qu’elles participent au programme verdissement des autoroutes ; 1 milliard d’euros destinées à des opérations à caractère écologique. Il ressort que moins de 3 pour cent des sommes engagées sont « retournées à la terre ». En effet, les sociétés ont profité de ce paquet vert pour créer des péages automatiques ; la raison invoquée étant qu’avec ces nouvelles installations les bouchons disparaitraient et les émissions de gaz à effet de serre avec. Or comme on l’a vu ce système a surtout permis de tailler dans les emplois de services au péage.
Il est difficile de demander aux usagers un boycott des autoroutes, tenues par des sociétés avides de bénéfices faciles et sans contreparties. Mais nous, citoyens, pouvons exiger une vraie redistribution des profits de ces sociétés d’autoroutes. Je ne serai pas du tout choqué qu’une piste cyclable soient financée par les profits de Vinci, bien au contraire.
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