vendredi, mars 29, 2024

Vers la fin des rocades routières ?

Pour désengorger le trafic aux heures de pointe, on connaissait les fameuses rocades. Elle permet aux automobilistes de contourner une agglomération plutôt que de créer des bouchons aux entrées des grandes villes. Apparemment ce modèle pourrait appartenir au passé.

Regardons l’exemple de Strasbourg. Une rocade A355 devait désengorger l’A35, prolongement de l’autoroute Paris-Strasbourg. Elle était évoquée depuis les années 1980 ; son coût était fixé à 750 millions d’euros par le précédent ministre des transports Thierry Mariani. Elle devait être exploitée par Vinci pour une durée de 55 ans. Son montage financier était visiblement à deux doigts d’un accord.

Seulement voilà, là où l’UMP s’était mis en ordre de marche et avait dit oui via le conseil général et régional, la mairie socialiste de Strasbourg, elle, a appuyé sur le bouton stop, aidée par le nouveau gouvernement.

Motif invoqué : le groupe de BTP Vinci, pressenti pour ce projet, a pris trop de temps pour conclure des accords avec ses partenaires banquiers.

En fait, les écologistes avaient fait de cette rocade un point d’accord avant les élections présidentielles, et François Hollande s’y est tout simplement tenu. Dans Le Point, le porte-parole régional d’Europe Ecologie Les Verts et adjoint au maire de Strasbourg en charge de l’urbanisme, Alain Jund, a rappelé que les verts ne voulaient pas de ce contournement qui allait à peine délester Strasbourg de 5 pour cent de son trafic, et qui en plus allait endetter les pouvoirs publics.

La capitale alsacienne n’aura donc pas de rocade routière pour contourner son agglomération.

Mais comme je vous le disais en introduction, ce contournement de Strasbourg n’est pas le seul à avoir été récemment victime d’un camouflet.

Il y a aussi le contournement de Lyon, une idée vieille de plus de 20 ans. La rocade devait soulager le célèbre tunnel de Fourvière. Chiffré entre 1,5 et 2 milliards d’euros, il n’a pas été retenu et des alternatives sont de nouveau à l’étude.

La rocade L2 de Marseille, imaginée il y a presque 80 ans, elle aussi a été abandonnée dans le mois suivant l’élection de François Hollande.

Comment analyser ces abandons de projets de ces fameuses rocades ? Est-ce là une vraie ligne politique ?

Lors de l’annonce de l’arrêt du projet strasbourgeois, l’association France nature environnement s’est félicitée dans les échos que la « non-rentabilité devient l’alliée de la biodiversité ».

C’est peut-être là qu’il faut regarder. Car cela révèle que ces rocades sont des échecs et des gouffres financiers, pas forcément efficace en terme de trafic, mais très bonnes pour le chiffre d’affaires des entreprises de BTP.

Les projets cités précédemment, de Strasbourg, Marseille et Lyon n’ont pas été que la cible des opposants environnementalistes bien au contraire ; leurs coûts pharaoniques ont pris de panique plus d’un élu, convaincus de l’incapacité des collectivités à absorber ces investissements.

De là à dire que les entreprises de BTP peuvent s’asseoir sur de futures rentrées financières liées aux contournements routiers, il y a un pas qu’il ne faudrait pas franchir trop vite.

Mais on ne peut que se réjouir que désormais les collectivités semblent se tourner vers des solutions alternatives plus adéquates avec les problèmes de mobilités de leurs citoyens, comme les plate-forme multimodales, et aussi l’interdiction pour les poids lourds de circuler aux heures de pointes.

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