En toute simplicité, Siemens pense avoir inventé l’autoroute du futur.
Au mois de mai, la compagnie allemande a présenté à Los Angeles sa nouvelle technologie au salon EVS, le rendez-vous des spécialistes mondiaux du véhicule électrique.
C’est là que le constructeur a détaillé son projet : poser des caténaires au-dessus de la voie de droite des autoroutes pour alimenter en courant électrique des camions hybrides. Un peu comme les trolleybus dans le passé.
Pourquoi une seule voie électrifiée ? Parce que dans sa lutte contre la pollution Siemens cible les camions.
Lors du salon de Los Angeles le PDG de la branche Infrastructures de Siemens aux Etats-Unis David Dulaney a noirci le tableau; selon lui « le fret sur les autoroutes américaines devrait doubler d’ici 2050 alors que les ressources d’hydrocarbures continuent de fondre. D’ici 2030, les émissions de CO2 sont attendues en hausse de 30% et ce à cause du transport de marchandises seul. »
Voilà comment Siemens justifie son autoroute du futur.
Elle l’a donc testé en Allemagne avec 2 camions hybrides sur une portion d’autoroute de 1,5km.
Elle va être mise en place dans les ports commerciaux de Los Angeles et de Long Beach aux Etats-Unis.
Siemens annonce que la consommation et l’émission de gaz à effet de serre seront réduits de 30% grâce à ce système.
Mais ce que Siemens ne met pas en avant, c’est le coût de ce changement : 15 milliards d’euros pour installer les câbles électriques sur les autoroutes allemandes, et 8 milliards d’euros supplémentaires pour que la moitié du parc des camions allemands devienne hybride.
Et le bilan énergétique n’est pas aussi bon que la compagnie allemande veut bien le dire : la production d’électricité nécessaire pour faire parcourir 100km à un camion dégage 112 kilos de CO2 quand il dégagerait 80 kg avec du diesel. Pour l’instant, avec du mauvais esprit, on pourrait croire que Siemens veut vendre sa nouvelle technologie, très intéressante en situation de disparition des énergies fossiles. Mais pour l’instant ce système ne donne pas satisfaction sur le plan environnemental.
Dans le même domaine, Bombardier, le concurrent de Siemens, met actuellement en place des bus électriques qui roulent à l’induction magnétique. Cela veut dire que les bus captent l’énergie électrique en roulant sur une route dans laquelle est enfouie des postes de chargement. Le bus se charge sans contact nécessaire avec le poste de charge dans la route. Mais là encore on manque de données sur le gain en termes de bilan énergétique. Que ce soit Siemens avec ses camions hybrides ou Bombardier avec ses bus à induction, il va falloir encore attendre pour se réjouir de ces futures infrastructures.
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