Les gestionnaires de transports auscultent leurs usagers à la loupe. Ceux de l’agglomération de Nantes ont déniché une espèce rare de voyageurs : ceux qui évitent de monter dans le bus parce qu’ils n’ont pas pris avec eux le ticket nécessaire ; ces voyageurs dits « occasionnels réguliers » sont appelés ainsi car ils utilisent en moyenne l’équivalent de deux carnets de dix tickets par mois, et ils représentent environ 100 000 personnes dans l’agglomération nantaise. Mais ils ont le défaut de ne pas prévoir tout le temps leurs trajets et donc d’oublier chez eux leurs tickets.
Pour ramener ces voyageurs vers les transports en commun, et pallier ce manque à gagner, les chargés de transport ont donc mis en place libertan, une carte qui va facturer à ces usagers le tarif le moins cher pour chacun de leurs déplacements ;
Cela permettra à ces usagers de ne payer que ce qu’ils consomment et au tarif le plus bas possible. Dans le cas où ils utiliseraient les transports au moins autant que s’ils avaient une carte mensuelle, ils paieront autant que des usagers mensuels, jamais plus.
Autre avantage de cette carte, le voyageur roule à crédit : ce paiement lui sera débité le mois suivant ; par exemple les trajets du mois de novembre seront prélevés à la fin décembre. Grand avantage aussi pour ces usagers occasionnels, ils vont payer le trajet simple à 1.38 euros, au lieu d’1 euro 50. Sur le site de la TAN, qui gère les transports de l’agglo nantaise, il est possible de connaitre son compte personnel pour voir ses dépenses, et ainsi s’il manque à l’usager à peine trois trajets pour arriver au tarif mensuel, peut-être l’usager sera tenté de prendre les transports trois fois de plus au lieu de sa voiture.
L’objectif est multiple pour les collectivités, c’est en partie de limiter la fraude même si celle-ci est modeste sur le réseau nantais. Mais c’est aussi pour répondre à une situation pratique où la personne n’a pas de ticket sur elle et donc ne prend pas le bus ou le tram. Avec ce système une partie de cette population-là peut être ramenée vers du trajet payant.
Les collectivités veulent présenter une alternative crédible à la voiture. En termes de trafic, la fin de la vente à bord devrait être très efficace, car elle devrait réduire le temps d’embarquement. L’avantage à ce niveau est double pour les chauffeurs car ils n’ont plus envie de vendre des tickets à l’unité et transporter de l’argent liquide, source de danger pour eux.
Les collectivités se penchent beaucoup sur ce genre de tarification originale. A Rennes, Keolis envisagerait déjà de copier ses voisins nantais ; à Belfort, agglo plus petite que celle de Nantes, on compte 600 nouveaux usagers par mois grâce à ce système.
La nouvelle carte nantaise Libertan va s’étendre bientôt à d’autres services de la mobilité comme les vélos et les voitures en libre-service.
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