A partir de ce mardi 19 janvier 2016, le Sénat examine le projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages. Le texte doit notamment garantir un cadre juridique clair à la recherche et développement sur les ressources génétiques et les connaissances traditionnelles.
Véritable patrimoine des peuples autochtones, ces ressources subissent depuis vingt ans un véritable pillage de la part des multinationales. Une biopiraterie qui menace la diversité culturelle et biologique de certaines régions. Protéger ces ressources et connaissances traditionnelles, c’est une question d’éthique. Mais quels sont les moyens qui peuvent être mis en œuvre pour protéger ces savoirs ancestraux ?
- Avec Justine Richer, chargée du programme « Alternatives à la biopiraterie » à la Fondation France Libertés.
« Cela peut prendre plusieurs formes. C’est déjà important de dénoncer les brevets illégitimes. Cela passe par la coordination d’actions médiatiques et juridiques de la part d’associations comme la Fondation France Libertés. C’est aussi important de sensibiliser les citoyens. Il faut avoir également des alternatives de commercialisation par des entreprises qui privilégient la consultation et le travail direct avec les populations autochtones. Cela passe aussi par la mise en place de systèmes alternatifs de protection des savoirs. Enfin, il faut des cadres juridiques qui puissent protéger les peuples autochtones, leurs droits et leurs savoirs traditionnels. »
Agir, plaider, sensibiliser, c’est le credo de France Libertés qui agit pour proposer des alternatives à la biopiraterie… Le projet de loi sur la biodiversité, sur le quel travaille France Libertés, est sur les rails depuis 2014. Il arrive au Sénat.
« Il y a en fait deux textes clés pour protéger les peuples face à la biopiraterie : la Convention sur la diversité biologique, et le Protocole de Nagoya qui précise les moyens pour mettre en œuvre cette convention. Ces textes portent sur l’accès et le partage des avantages. C’est-à-dire comment pallier à la biopiraterie, et comment mettre en place un système plus juste et plus efficace. La France a ratifié le protocole de Nagoya. Elle doit donc l’appliquer dans sa loi. En ce moment, on est sur un projet de loi biodiversité. France Libertés travaille à la mise en œuvre de cette loi de façon à ce qu’elle soit la plus juste possible et la plus efficace pour protéger les peuples autochtones. »
Cette loi sur la biodiversité est-elle LA solution ?
« Ce serait bien ! C’est clairement une avancée pour les peuples et contre la biopirateire, car elle met quand même en place un système d’accès aux ressources génétiques et aux savoirs traditionnels beaucoup plus équitable. Le but n’est pas non plus de mettre sous cloche la biodiversité. Cependant, la convention sur la diversité biologique, dont découle le projet de loi biodiversité français, va faire en sorte que l’acte de biopiraterie soit interprété comme un vol, un prélèvement sans autorisation et sans contrepartie financière. A travers cette convention, on admet donc aussi que l’on peut très bien s’approprier la nature, lui donner une valeur marchande et l’inclure à un système capitaliste. Là, on se trouve assez loin des perceptions et des croyances de beaucoup de peuples autochtones. On reste ancré dans un modèle occidental. »
Pour aller plus loin :
- France Libertés se mobilise contre la biopiraterie
- Biopiraterie : enjeux éthiques et environnementaux
- Projet de loi sur la biodiversité
- L’analyse du projet de loi par France Libertés
[youtube]https://youtu.be/za70gwdfXIE[/youtube]
Podcast: Download