mercredi, octobre 9, 2024

Pour une politique jeunesse ambitieuse au Kurdistan

Plus de deux millions de réfugiés et de déplacés qui fuient les conflits, dont 500 000 enfants. Le Kurdistan irakien accueille sur son territoire des populations traumatisées par la guerre. Dans les camps de réfugiés, l’isolement et l’inactivité s’ajoutent aux nombreux traumatismes.

Pour favoriser la résilience et resocialiser ces peuples déracinés, la Fondation France Libertés lance pour trois ans un projet d’éducation et de formation au sein même de ces camps.

Fidèle à l’engagement de Danielle Mitterrand, la Fondation s’attache à nouveau à venir en aide au peuple kurde. Pourquoi, et quelle est l’idée de ce projet ?

« L’idée est d’amener une valeur ajoutée, quelque chose qui manque dans les camps de réfugiés et de déplacés du Kurdistan irakien. La Fondation a eu l’occasion d’être présente sur place depuis plusieurs années avec la Fondation Léo Lagrange. Nous avons mené des actions à destination de la jeunesse kurde. Nous avons pu observer que dans ces camps, les enfants avaient accès à un peu d’éducation, 3h par jour, et avaient peu accès à des activités constructives. D’autres ONG sont actives et proposent des activités récréatives, mais qui ne permettent pas d’accéder à une forme d’épanouissement, ni à leur permettre de reprendre vie, d’aller de l’avant et de laisser leur traumatisme derrière eux. »

Le but premier du projet est d’extraire ces enfants de leur traumatisme pour les amener vers autre chose, de plus pacifique.

« Cela va être à la fois individuel et collectif. A travers des activités d’éducation populaire, de l’animation périscolaire ou extrascolaire, en faisant beaucoup de théâtre d’activités d’expression, de coopération, les enfants vont pouvoir regarder de l’avant, sortir de leur traumatisme et s’imaginer un futur. Ils ont accès aussi plus d’apprentissage que ce qu’ils vont trouver à l’école. L’autre but c’est la préparation de la reconstruction de la paix. Face à nous, on a des enfants traumatisés, qui ont subi la guerre et qui reproduisent par moment les actes de guerre de leurs parents ou ce qu’ils ont pu voir. On essaie de travailler avec les enfants à des actions non-violentes, et notamment entre les différentes communautés. Car au sein d’un même camp vous pouvez avoir différentes communautés qui ont eu l’occasion de se battre par le passé. »

© Fondation Léo Lagrange – Camp Bardarash Kurdistan irakien

Le projet s’articule autour d’activités de formation, pédagogique et culturelle et va se dérouler sur 3 ans. Comment se met-il en œuvre ?

« Le programme a démarré en septembre 2016 avec le recrutement d’une coordinatrice expatriée et d’un salarié local. L’idée, c’est d’agir dans neuf camps sur trois ans, donc trois camps par an. A chaque fois, nous formons douze animateurs que l’on va salarier. Depuis novembre, nous sommes sur trois camps, et à partir de l’été prochain, nous démarrerons dans trois autres camps. Et on finira par un dernier cycle. Pour être dans une idée d’échange et d’apport de connaissances, et pour que les compétences restent sur place, on va développer un parcours de formation de formateurs à destination des jeunes kurdes. On va les former à devenir formateurs, et ce seront eux, ensuite, qui mettront en place les formations en direction des animateurs de ces camps. Ainsi, derrière, il restera une trace et on pourra avoir des gens qui reviennent dans leur région d’origine et qui pourront continuer de développer des activités d’éducation populaire. »

Combien d’enfants sont-ils concernés ?

« Sur trois ans, notre cible est de l’ordre de 5 000 à 6 000 enfants. Mais on s’aperçoit que nos chiffres manquaient d’ambition. On a déjà touché plus de 1 500 enfants en l’espace de cinq mois. Donc on va être sur 10 000 enfants sur trois ans. »

France Libertés ne travaille pas seule sur ce programme. Quels sont les partenaires pour sa mise en œuvre ? Et est-ce que le gouvernement kurde est-il partie prenante ?

« En France, on travaille de manière très étroite avec la Fondation Léo Lagrange, car ils ont des compétences sur la formation et l’animation péri et extrascolaires. Mais ce qui est important, c’est de travailler au maximum à la fois avec le gouvernement et les ONG locales. Tout le travail a été co-construit avec le ministère de la Jeunesse et de la Culture du gouvernement régional kurde, avec qui nous avons une convention de partenariat depuis plusieurs années. Nous allons pouvoir faire reconnaitre ces formations d’animateurs et de formateurs. Notre volonté est aussi de travailler avec les ONG locales, comme CDO (Civil Development Organization), une association kurde qui a une quinzaine d’années, qui est très active dans les camps notamment sur l’approche des besoins vitaux des populations et sur les violences faites aux femmes. »

D’autres ONG locales seront associées à ce programme. Le projet bénéficie également du soutien de l’Agence française du développement et de la mairie de Paris.

© Fondation Léo Lagrange

Pour en savoir plus :

 

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=KHQGE3INkvs]

 

 

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