jeudi, mars 28, 2024

La désertification, un phénomène réversible

La lutte contre la désertification est l’une des priorités des Nations-Unies, au même titre que celle contre le changement climatique. La 13e conférence des parties sur le sujet, la Cop13 , s’est achevée à la mi-septembre en Chine.

Dégradation de terres, perte de biodiversité, disparition de la végétation, sols surexploités, les causes du phénomène sont multiples. Près de deux milliards de personnes subissent la désertification qui touche presque la moitié de la superficie de la planète.

Nous avons vu la semaine dernière ce qui caractérisait cette désertification.  Le phénomène est-il irréversible et quelles actions peut-on mener ?

« L’avantage de cet enjeu est qu’il existe des solutions et c’est réversible. Jusqu’à un certain point évidemment car le temps de constitution d’un sol est beaucoup plus élevé que son temps de dégradation. Mais les Nations-Unies se sont emparées de la désertification. Parmi les objectifs de développement durable, le numéro 15 vise à préserver et restaurer les écosystèmes terrestres. Il s’agit de lutter contre la désertification, restaurer les terres, les sols dégradés et lutter contre les sécheresses et les inondations. L’Onu souhaite changer de paradigme dans la gestion des terres, en passant d’un triptyque qui est actuellement dégradation des terres, abandon et migration, sur quelque chose qui va sur la protection des sols, les maintenir et restaurer le cycle de l’eau. »

Concrètement, il s’agit donc de changer les modes de culture, revenir à des pratiques plus respectueuses du cycle de la biodiversité.

« Exactement. Dans la lutte contre la désertification, il y a l’échelle onusienne. Mais il y a énormément de travail sur l’échelle locale à effectuer. En termes de territoire, on va de la région agricole à la parcelle. Au niveau décisionnel, il y a l’Etat, l’échelle internationale, mais aussi l’échelle de la famille, des agriculteurs, notamment en Afrique ou en Asie. Ce sont des solutions transversales qui vont intégrer plusieurs disciplines, du social à l’agricole, et faire appel à des techniques qui existent déjà, ou qui évoluent. »

Comment les résolutions prises à Ordos en Chine sont-elles intégrées aux réflexions de la Cop23 sur le changement climatique qui va avoir lieu en novembre à Bonn, en Allemagne ?

« Il y a des liens qui sont fait entre les conventions. Mais pour France Liberté, l’important est de soutenir les alternatives locales et de les dupliquer. Nous avons créé un webdocumentaire, issu du plaidoyer Eau et Climat, qui vise à rendre compte de toutes les alternatives existantes qui pourraient être valorisées. Par exemple, il y a le mouvement de la ceinture verte, un projet majeur de lutte contre la désertification. C’est une bande de végétation, que l’on essaie de mettre en place, qui traverse l’Afrique, et qui est issu de la biologie de Wangari Muta Maathai, prix Nobel de la paix an 2004. Ce mouvement vise à encourager les gens, et notamment les femmes, à planter des arbres pour créer une barrière contre l’érosion. Cela permet aussi d’améliorer le niveau de vie. Ces solutions passent bien souvent par l’amélioration de la gestion de l’eau de pluie. Cela peut être, par exemple, en adoptant des techniques culturelles qui limitent les besoins en eau des plantes, en choisissant des plantes plus adaptées au climat, en conservant l’eau au niveau de la parcelle pour limiter le ruissellement. Il y a aussi l’agroécologie dont un des grands principes est d’associer les plantes de façons à avoir des cultures vertueuses. La désertification est un enjeu qui nécessite un apport de toutes les solutions, à toutes les échelles et de toutes les disciplines. Cela doit être encadré par des échelles territoriales plus grandes pour prendre en compte les contraintes qui peuvent endiguer la lutte contre la désertification, comme le non-respect du droit d’accès à la terre et à l’eau. C’est ce droit d’accès qui permet de garantir aux populations un accès à long terme à leurs parcelles. La paix et la sécurité civile sont essentielles au bon fonctionnement des sociétés et la diffusion de ces pratiques. »

Wangari Muta Maathai – mouvement de la ceinture verte © UNESCO

Pour aller plus loin :

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=HIoOdCfy8ao]

 

 

 

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