jeudi, octobre 10, 2024

Forum social mondial : un autre monde est possible

Le 13e Forum social mondial s’est tenu à la mi-mars à Salvador de Bahia, au Brésil. De nombreux mouvements sociaux brésiliens et internationaux et des ONG sont venus débattre et travailler pendant 5 jours autour des thématiques telles que la lutte contre le racisme, l’affirmation des droits de la femme ou la préservation de l’environnement. 60 000 personnes issues de 120 pays différents ont défendu une idée : un autre monde est possible.

France Libertés était présente à Salvador de Bahia pour débattre des violations des droits des peuples autochtones. La violation du droit à l’eau par les industries extractives était également au cœur des interventions de la Fondation.

Le Forum mondial s’est présenté, dès 2001, comme une alternative sociale au Forum économique mondial de Davos, avec l’idée de présenter les alternatives au monde libéral.

« Les deux sont intrinsèquement liés. A l’origine, le Forum social mondial (FSM) s’est constitué en réaction au Forum économique mondial de Davos, qui est l’incarnation de la globalisation capitaliste et financière que nous connaissons depuis les années 1980. C’est dans cet esprit qu’est né dans les années 2000 le Forum alternatif mondial afin de proposer une alternative crédible et forte au paradigme néolibéral qui est dominant. Le Forum social propose des espaces de dialogue et d’échanges ouverts, accessibles à tous. Le FSM est porté et créé par la société civile internationale et qu’elle se nourrit de ses composantes qui sont très diverses, contrairement au Forum de Davos. »

Que retenir de cette édition 2018 ?

« C’était une édition profondément brésilienne. Il est intéressant de voir que le choix du Brésil est très symbolique. L’organisation de ce Forum a marqué son retour dans les pays du Sud. La précédente édition avait eu lieu à Montréal en 2016. C’est un retour aux sources, puisque le Brésil est le berceau du Forum social mondial. Il a été créé à Porte Alegre en 2001, et par la suite, plusieurs autres éditions se sont déroulées sur le sol brésilien. Cela a permis à ce Forum de s’inscrire dans une mémoire très importante du mouvement altermondialiste. Les forums brésiliens représentent l’âge d’or de ce mouvement. C’est très important pour l’altermondialisme qui est régulièrement d’être en perte de vitesse. Le choix du Brésil n’est pas anodin, puisque le pays se trouve en période préélectorale puisque dans quelques mois, en octobre 2018, aura lieu l’élection présidentielle. La société civile brésilienne se trouve dans un contexte de fort bouillonnement politique et social. »

Ce Forum mondial de Salvador de Bahia, a eu très peu d’échos dans les médias.

« En France, on en a relativement parlé. Sur place, un seul journaliste français, de l’hebdomadaire Politis, était présent. Mais, malgré la très faible présence des journalistes français sur place, le Forum social a néanmoins fait irruption dans les médias français suite à l’assassinat le 14 mars de la militante Marielle Franco, une jeune conseillère municipale de Rio, militante pour les droits humains qui dénonçait les exactions commises par les forces de police dans sa ville. C’était une femme noire, issue des quartiers populaires de Rio, et lesbienne. Elle cristallisait la plupart des thèmes qui sont très fortement ressortis du FSM. Par ce biais, les luttes du FSM ont fait irruption dans la paysage médiatique français ; Il est aussi important de se rappeler que la France n’est pas le reflet du reste du monde. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas vraiment parlé du FSM dans notre pays que cela n’a pas été le cas ailleurs. On peut citer par exemple un journaliste du Guardian qui était présent aux deux Forum, le Forum social mondial et le Forum alternatif mondial de l’eau. C’est l’un des quotidiens les plus influents et lus du monde. Enfin, à l’échelle du Brésil, le Forum a été extrêmement couvert par les médias locaux. »

© FAME

La Fondation France Libertés était présente à ce Forum sur la question de la violation des droits des peuples autochtones. Mais elle a également participé au Forum alternatif mondial de l’eau (FAME), qui se tenait dans la foulée du Forum social du 17 au 22 mars, et en parallèle du Forum mondial de l’eau, plus institutionnel, avec la volonté de réaffirmer que l’eau est un droit, mais pas une marchandise. Il est encore nécessaire de rappeler que le droit à l’eau n’est toujours pas effectif dans le monde ?

« Exactement. C’est pour cela que la Fondation France Liberté a organisé, lors du Forum alternatif mondial de l’eau, un évènement autogéré sur ce thème. Nous avons essayé de déterminer quels sont les facteurs qui, aujourd’hui, bloquent l’application effective du droit à l’eau, qui est un droit reconnu dans les textes internationaux et notamment dans les textes onusiens. Un évènement comme le Forum alternatif permet de mettre en lumière ces facteurs puisque le Forum propose des espaces ouverts de dialogues et d’échanges auxquels participent beaucoup d’acteurs du monde de l’eau qui recherchent des solutions pour plus de démocratie. »

Quelles sont les alternatives qui ont été mises en lumière lors de ce Forum ? Et sont-elles porteuses d’espoirs ?

« Oui, c’est très porteur d’espoirs. Il faut rappeler de la raison d’être de ce Forum alternatif mondial de l’eau, c’est de rendre visible et de stimuler la mobilisation sociale autour de la question de l’eau. Le Forum propose des espaces de discussion pour que tous les participants, quelque soient leurs origines, leurs horizons, puissent mutualiser leurs idées, leurs pratiques, leurs expériences, des projets, des contacts, afin de faire avancer la question de l’eau et du droit à l’eau. France Libertés a organiser plusieurs évènements et notamment un sur la non-effectivité du droit à l’eau aujourd’hui dans le monde. Ce qui est intéressant, c’est que le Forum alternatif mondial de l’eau permet de dénoncer les fausses solutions proposées par l’autre Forum, le Forum « officiel », c’est-à-dire le recours au marché pour protéger la nature et l’eau, l’idée que la pollution peut être tolérée dans la mesure où, par la suite, l’entreprise s’engage à réparer les dégâts commis. Ces solutions sont totalement contre-productives. Bien souvent les dégâts liées aux pollutions sont irréversibles et irréparables. Et cela pose un souci éthique de penser la nature via sa valeur marchande. »

France Libertés est également intervenu sur la question des activités extractives qui font peser un lourd tribu sur le droit à l’eau, notamment en Amérique du sud. Nous y reviendrons prochainement avec le cas du peuple Krenak au Brésil.

Pour aller plus loin :

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=aLiBKPrr5Eg]

 

 

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