samedi, décembre 7, 2024

En Afrique et en Uruguay, le droit à l’eau défendu par France Libertés

Sensibiliser, plaider et agir. Ces trois valeurs fondatrice de France Libertés sont au cœur des projets de terrain que la Fondation soutient et accompagne depuis de nombreuses années.

Depuis 2017, ce sont quatre combats qui ont ainsi été aidés en Equateur, en Uruguay, en Afrique sub-saharienne et aux Etats-Unis. Quatre projets qui œuvrent pour le droit à l’eau et contre les activités extractives.

Avec Justine Richer, chargée du programme « Eau, bien commun » à France libertés.

Nous avons évoqué avec vous la semaine dernière les projets que vous avez suivi aux Etats-Unis et en Uruguay. Direction cette semaine l’Equateur, où vous avez soutenu les communautés locales qui se sont mobilisées pour dénoncer les pollutions dues aux activités pétrolières. Quel est l’état des lieux ?

« Les impacts de l’extraction sur l’environnement sont toujours très lourds. Ce sont des conséquences en termes de pollution des écosystèmes et de pollution de l’eau. Et c’est le cas en Equateur. L’ONG Accion Ecologica travaille au renforcement des capacités des communautés pour essayer de lutter contre cela. Accion Ecologica a créé une organisation locale qui se réunit régulièrement et interpelle les autorités. Cela fait trente ans que l’ONG travaille sur ces problématiques liées à la pollution causée par l’exploitation du pétrole en Equateur. Une assemblée sociale permanente des communautés affectées a été créée et Accion Ecologica travaille régulièrement en cours de co-construction avec les populations locales pour les renforcer. 25 communautés ont été structurées pour pouvoir parler d’une seule voix et pouvoir réclamer leurs droits humains à l’eau face à cette pollution massive de l’eau en Equateur, à cause de l’extraction du pétrole. Les citoyens prennent part aux débats, sont écoutés par les entreprises et les autorités locales, grâce à cette structuration permise par Accion Ecologica. »

Ils sont écoutés par les entreprises et les autorités. Concrètement, quel sont les effets sur ces activités ?

« Il y a un vrai enjeu de transmission et de diffusion des informations notamment sur la qualité de l’eau en Equateur. Donc ces paroles de communautés sont entendues puisque justement, en essayant de s’allier et former une communauté plus massive, évidemment l’écho de leur parole est plus fort et est nécessairement entendu par les entreprises et les autorités. Après, la prise en compte diffère des cas. Mais il est certain que cette capitalisation des expériences et ce renforcement communautaires permet d’avoir un poids plus fort. »

© France Libertés

Pour se faire entendre, pour dénoncer, pour revendiquer, les populations ont besoin aussi d’être informées. C’est le cas en Afrique sub-saharienne, il s’agissait d’aider à la mobilisation en amplifiant l’information des populations sur les dégâts des activités extractives. Quel effet sur les revendications des populations et sur l’écoute qu’elles peuvent avoir ?

« France Libertés a soutenu la Gaïa Fondation, qui est une ONG britannique qui renforce les capacités de la société civile, et notamment en Afrique subsaharienne, dans les communautés où le droit à l’eau est affecté par les activités extractives. Le but est de relier les organisations entre elles et les connecter pour les intégrer aux mouvements internationaux et créer un renforcement de leurs capacités. Pour ce faire, des dialogues communautaires ont été organisés sur les zones affectées. Et Gaïa Fondation a également produit du matériel d’information en plusieurs langues, plusieurs supports, des rapports des affiches et des vidéos, dans le but de sensibiliser les acteurs locaux. Le tout a été réuni pour créer un kit de mobilisation qui permet d’éclairer sur les impacts de l’industrie extractive sur les ressources en eau et puis s’informer. Ce kit de mobilisation et d’information est essentiel pour les populations locales puisque la première étape pour pouvoir se mobiliser est d’être informés des menaces que représentent ces activités pour construire une mobilisation locale. »

Et aujourd’hui, les populations se prennent “plus en main” pour aller revendiquer ?

« Oui. Ce type de mobilisation a été largement diffusé en Afrique subsaharienne mais également dans d’autres pays d’Amérique latine, d’Asie et d’Europe. Cela permet vraiment d’informer un maximum les populations, de créer une mise en lien, et une mise en réseau, qui permet un renforcement de la mobilisation pour avoir un poids plus fort. C’est un petit peu le même principe que d’autres projets soutenus par France Libertés. On croit sincèrement en cet effet de masse et de mise en réseau qui permet d’avoir une voix plus forte et d’être entendue à la fois par les autorités et les entreprises extractives. »

Ces actions locales ont maintenant leurs propres vies. Le financement que vous leur apportez se termine. Vous allez malgré tout continuer à avoir un œil dessus, à rester en appui ?

« Oui absolument. Il s’agit de projets de très long terme, puisque ce sont des projets orientés vers des activités de sensibilisation, d’information, de renforcement de capacités, de plaidoyer. Donc on est vraiment sur du long terme. Et malheureusement, ce type de projet la plupart du temps souffre d’un manque de visibilité, voire d’intérêt de la part de bailleurs de fonds. Donc s’il s’agissait vraiment pour France Libertés de donner l’opportunité à des associations porteuses de ce type de projets très valorisables, de concrétiser leurs actions. Bien sûr on va continuer à suivre ces quatre structures et tenter de leur donner un maximum d’écho, via de la communication notamment et de la mise en réseau, pour essayer d’aller vers leur duplication peut être sur du long terme. »

Dès 2019, France Libertés va se tourner vers d’autres projets, d’autres communautés locales. Nous en reparlerons ici-même prochainement.

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