mardi, mars 19, 2024

Assises Nationales des déchets de Nantes – Interview de Thierry Meunier, son président

Thierry Meunier Assises nationales des déchets
Thierry Meunier

Les assises Nationales des déchets de Nantes existent depuis 30 ans. Thierry Meunier, Président de l’association Assises nationales des déchets est l’invité de Fréquence Terre, il fait pour nous un tour d’horizon de toutes les pratiques de retraitement des déchets.

Les Assises Nationales des déchets c’est un rendez-vous qui a lieu tous les 2 ans à Nantes et nous en sommes à la 15e édition cela fait donc 30 ans qu’association entreprise collectivité et représentant du gouvernement se rencontrent pour échanger, proposer des solutions et parler des problèmes rencontrés au quotidien sur le terrain.  Les assises des déchets c’est aussi l’occasion de donner des lignes directrices pour les années à venir.

Thierry meunier, ces dernières années ont largement été consacré à la structuration du tri les citoyens ont constaté car ils ont été largement mis à contribution sur le tri sélectif où est-ce qu’on en est quel est le constat donc 30 ans plus tard ?

« Si on parle du recyclage du verre en France,  c’est une solution qui a été mise en place il y a une trentaine d’années et qui fonctionne extrêmement bien.
Si on prend le plastique, c’est un autre débat. Parce que quand on dit plastique ce sont des plastiques de nature différente. Les plastiques d’il y a 40 ans ne  sont pas les plastiques d’aujourd’hui. Et on a eu une invasion d’ailleurs de résines et de plastiques dans notre vie courante.
C’est difficile de ne plus être addict au plastique, mais il va falloir le faire quand même de toute façon. Je crois que tout le monde a compris ça dans le cas de la pollution des fleuves, des rivières et des océans particulièrement. Là, les choses ont changé.

Ce qui a changé ce sont les éco-organismes comme éco emballage qui a fait beaucoup,  puisque par le biais d’une une petite taxe à la fabrication et à la mise sur le marché on a pu alimenter un système pour faire de la prévention, de l’information du public et puis mettre en place des systèmes de prise en charge des produits en fin de vie pour pouvoir les réintroduire, ou en tout cas les éliminer de manière satisfaisante.

La responsabilité des producteurs s’est largement développée depuis écoemballage. On a aujourd’hui plusieurs dizaines de filières encore en préparation.

On n’est pas forcément sûr que ça soit toujours la solution, donc c’est aussi en débat dans le cadre de nos prochaines assises. Est-ce qu’il faut faire des REP pour tout ? C’est une question. Il y a des parties prenantes qui ont des solutions à proposer.

Si on prend les filières bâtiment-travaux publics, où la masse des déchets est considérable (c’est la plus considérable en fait), les choses ont particulièrement évolué puis-qu’aujourd’hui la démolition est largement prise en charge et les produits valorisables sont triés. Il y a des plateformes de regroupement des travaux publics qui permettent de trier les déchets et les déchets amiantés s’il y en avait pour les mettre en lieu sûr et d’utiliser de réutiliser tous les matériaux. Donc on peut dire qu’on a beaucoup progressé.

Je pense que la progression suivante concernera plutôt la consommation courante des ménages. Si on regarde les pourcentage de de produits collectés pour le recyclage c’est pas suffisant. On peut faire beaucoup mieux. Deux fois ou trois fois mieux si on arrive à convaincre l’ensemble de nos concitoyens.

La collecte ne se fait pas de façon égale non plus selon la ville dans laquelle on habite. Une ville va prendre les pots de yaourt alors que la ville d’à côté ne va pas les prendre. On manque de repères !

En 30 ans on a fait des centres de tri.  Des centres de tri qui était petit où on a fait de l’économie sociale et solidaire. Le côté « économie sociale et solidaire » est très important dans le domaine du déchet.  Cela permet de créer des emploi, d’accompagner des personnes en réinsertion.

Sauf que les centres de tri trop petit, c’est un défaut de productivité, c’est un défaut de massification et la logistique qui s’ensuit pour le transport est problématique. Elle coûte de l’argent. C’est aussi des emplois qui sont exposés parce que le tri peut induire des troubles musculo-squelettiques… Donc c’est critiquable…

Donc il faut trouver des solutions, et la solution, c’est la massification de la collecte et des centres de tri qui sont de plus en plus automatisés.

La taille de la commune joue beaucoup… La taille du territoire aussi le maillage du territoire joue beaucoup parce que évidemment quand il y a une densification importante et qu’on peut mettre en commun et partager plus de moyens il y a une mutualisation beaucoup plus importante pour le service public pour organiser le service public et généralement on a plus de pertinence et plus de performance sur les outils. Quand on est sur un territoire qui est plus large, ça peut poser des problèmes d’infrastructures.

Donc on voit vers quoi on tend, ce qu’il faut améliorer et ce qui dessine,  mais vous, comment vous voyez les choses sur les 5 années qui viennent ? Quels vont être les impacts, qu’est-ce qui va changer pour les  entreprises et les particuliers dans les 5 ans qui viennent ?

Je pense que dans les cinq ans qui viennent on aura forcément un niveau de recyclage beaucoup plus fort parce qu’il y a des obligations.  C’est plus que des préconisations ! Il y a des obligations,  il y a des contrôles de l’État. Il y a des filières qui sont bannies comme l’enfouissement par exemple… Sans êtres bannies  parce que moi je n’ai aucune préférence pour une filière mais je sais pas non plus de défiance pour aucune des filières je pense que toutes les filières se valent et qu’elles ont leur articulation dans le maillage territorial. Mais c’est clair qu’on fera beaucoup moins d’enfouissement… ça c’est une évidence, c’est même inscrit dans la loi de transition énergétique.

C’est beaucoup mieux que faire des montagnes de déchets comme j’ai vu à New Delhi dans les informations en Inde.

De contingenter des déchets dans un endroit sûr, en attendant de savoir ce qu’on va en faire et peut-être qu’on en fera quelque chose dans les années futures et peut-être qu’en récupérant l’énergie qui est contenue dedans en faisant la valorisation du biogaz ce n’est peut-être quand même pas complètement stupide… donc voilà…

Plus de tri, ça c’est clair..  je pense qu’on fera beaucoup plus de tri. Je pense que ce qu’on va voir venir c’est au niveau des industriels -v pour ceux qui fabriquent encore en France – parce qu’il y a des nuances… il faut quand même rappeler que le déchet est nettement différent qu’il y a 50 ans. Je pense aux déchets de la chimie, pour qui il y aura encore plus d’efficacité pour faire moins de déchets, pour être très efficace dans son process industriel. Mais également sur les échecs qui sont inévitables je pense qu’on aura de plus en plus de valorisation et en tout cas je suis dans un groupe où on y travaille… Et non seulement on y travaille, mais on a des solutions.

Est-ce qu’il y a des chantier en cours et qui vont nous concerner en tant que particuliers ?

Pour le particulier l’enjeu à très court terme se sauver la planète, c’est de sauver l’homme sur la planète. Donc le grand enjeu c’est d’arrêter de faire des bêtises en clair. C’est à dire de faire attention à sa consommation. D’être exigeant en matière de consommation et éviter les suremballage par exemple et de faire attention ensuite à choisir des produits qui ont une durée de vie ou une vraie capacité à être recyclés et d’orienter ces produits de consommation au bon endroit et de le faire collectivement, de s’entraider pour le faire… D’optimiser aussi – je crois que c’est des choses importantes – notre consommation énergétique pour prendre en charge tous ces déchets. Je pense en particulier au fait que les poids d’apport volontaire dans les zones rurales sont une très bonne solution puisque on fait une économie de camions tous les jours pour venir collecter des masses qui sont pas forcément considérable. Le contrepoint, c’est que toutes les marges de la population ne sont pas forcément logés à la même enseigne par rapport à un apport volontaire. Si on prend quelqu’un qui est très âgé, qui a du mobilité réduite… comment il fait ? une personne de 80 ans par exemple aujourd’hui ? Comment fait-il pour apporter ses déchets ? Et là, c’est la solidarité collective.

Thierry MEUNIER,  Président de l’association qui organise les Assises nationales des déchets depuis 30 ans.  C’est à Nantes, les 2 et 3 octobres prochain.

Assises nationales des déchets, interview de Isabelle Martin, directrice de relations institutionnelles chez Suez recyclage et valorisation

Assises Nationales des déchets de Nantes – interview de Claire Estève

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