samedi, avril 20, 2024

Face au mépris de l’exécutif, la lutte judiciaire…

Coté protection de l’environnement et de l’océan  l’année 2021 s’est achevée  par quelques décisions politiques  inaperçues et pour cause, la fin d ‘année étant  propice à faire passer des sujets qui ne pourront  pas gâcher la période de paix à laquelle chacun aspire.Un petit exemple pour la biodiversité marine ? A la Réunion, un arrêté a été pris le 28  Décembre par le préfet reconduire pour trois ans la pêche aux requins tigres et bouledogues dans les zones de protection renforcée de la Réserve Naturelle Nationale Marine de la Réunion.

Petit rappel : Cet arrêté, et son histoire que je vais vous conter brièvement  , fait suite à la situation ubuesque ou un service de l’Etat, dit centre de sécurité requin, pêche dans une zone avec statut  protection maximale dans la réserve marine de la réunion, réserve dont la protection est également garantie par l’Etat. Pour pouvoir  continuer à pêcher en zone de protection forte sans encombre, le préfet a promulgué l’arrêté n°1362 du 19 juillet 2021 organisant le prélèvement de requins tigres et bouledogues dans le cœur de la  la Réserve marine de la Réunion pour la période 2021-2023. Celui-ci a été contestée par un collectif d’associations, qui se pourvu en justice. Mais coup de théâtre, la veille du passage au tribunal administratif, le préfet a effectué le  retrait du dit arrêté, en le subordonnant à une consultation publique, a priori «  oubliée » par les services de la préfecture.La consultation publique  a eu lieu du  30 Novembre au 20 décembre et le résultat  de cette consultation publique a été publiée le 28 Décembre le même jour  que le nouvel arrêté du préfet identique au précédent… Le résultat  de la consultation publique lui est  sans appel : 88 % des avis sont défavorables à l’arrêté, et 6%, soit 45 votes sont favorables !Pourtant cela n’a pas empêché la préfecture de promulguer le même jour  l’arrêté en question.

La conclusion est simple : la seule préoccupation de l’Etat à la Réunion est de tuer du requin, tous les requins tigres et bouledogues qu’il peut capturer dans les eaux réunionnaises.Un mépris politique évident, le pouvoir s’octroyant d’ignorer l’intérêt et la volonté du public ? étonnant ? Non, les dés étaient pipés :

L’avis du public, l’état s’en moque : d’ailleurs  Le directeur du Centre Sécurité Requin avait  déclaré du 18 novembre 2021 dans la presse que l’arrêté serait de toute façon reconduit quel que soit le résultat de la consultation.  C’est donc une  consultation « bidon » ayant pour seul objectif de s’assurer le cadre légal qui faisait défaut, la consultation étant elle obligatoire. Alors je pose la question, sommes-nous encore vraiment en démocratie ? Comment, pour ceux qui prennent la peine de donner un avis, d’œuvrer dans le sens de l’intérêt général, garder confiance en l’Etat et à son pouvoir exécutif ? Ce type de comportement de l‘exécutif  est la conséquence de la perte de confiance dans les institutions, et de la croissance, au fil des années, des votes blancs ou des abstentions. Une  tendance lourde de l’expression d’une absence de confiance dans l’honnêteté politique, dans la représentation  effective et réelle de la société.

Le mépris politique  de l’opinion bat  son plein.  Et la coupe est bien pleine. Et Nombreuses sont les associations qui se tournent désormais sur l‘action judiciaire. Car le temps de la sensibilisation, indispensable pour informer le grand public, est passé : la conscience environnementale est là. Les pétitions, marches et défilés, courrier, mise en œuvre de manifestations diverses, ne fonctionnent pas face à l’inertie de l’exécutif dans la prise en compte de l’opinion. Pour la société civile dans son ensemble, Il ne reste pour outil de lutte que le terrain légal d’où les procès, recours divers, en tout genre administratif, pénal, international.. Dans le domaine de la protection de la biodiversité, des associations  se sont formés  également pour  porter devant la justice  les incohérences, et les préjudices portés à notre intérêt général.

A l’instar de l’ASPAS  association pour la protection des animaux sauvages   qui a porté plus de 3500  procédures devant les tribunaux essentiellement pour la protection de la biodiversité terrestre, les associations de protection de l’océan et de sa biodiversité  se sont engagées récemment dans  un nombre d’affaires croissantes. C’est le cas de LONGITUDE 181 sur le terrain de la protection des espèces, BLOOM au niveau européen, ou Sea Sheperd  sur le terrain du braconnage, ou de la pêche illégitime, pour ne citer qu’elles.

Mais là aussi, sur le terrain juridique et judiciaire, rien n’est simple. A coup de renvoi, de suspension, de décision abruptes, d’expertises, on sursoit, on joue la montre ou l’épuisement moral ou financier des associations qui se battent au quotidien, dans un esprit de non-violence, pour la prise en compte d’une opinion publique favorable en majorité à la défense de  l’environnement. Ces  associations ont besoin de moyens pour réaliser ces poursuites longues, couteuses et complexes.

Et vous, Que pouvez-vous faire ? Tout simplement soutenir  financièrement les associations qui vont en justice, qui font avancer  le droit du vivant à exister. Une contribution même modeste, est le premier pas indispensable  pour ne pas céder du terrain, pour être l’épine dans le pied du mépris politique.

Quant à La Réunion, vous apprendrez que suite aux 166 infractions à la réglementation de la Réserve marine dont s’est rendu coupable le Centre Sécurité Requin depuis 4 ans, infractions constatées par le Conseil scientifique de ladite réserve, les associations, dont Longitude 181 ont déposé 5 plaintes contre « X » auprès du procureur de la République et sont actuellement en cours d’instruction. N’hésitez pas à les soutenir !

 

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