mardi, octobre 8, 2024

La déchèterie d’émaux de Briare

Déchèterie d'émaux de Briare

Déchèterie d'émaux de Briare
Déchèterie d’émaux de Briare

Balade à Briare, et à la manufacture d’émaux. Ou plutôt juste à coté, à sa décharge recouvrant toute une colline où sont déversés les invendus et les carreaux à défauts…

 

On les entend de loin. Les pas dans la faïence.

Je suis allé voir la décharge de la manufacture d’émaux de Briare. On l’atteint en suivant le bruit d’une étrange cueillette, la marche des glaneurs de mosaïques.

J’ai pensé, c’est un de ses endroits où la terre est obèse.

On a gavé la colline comme une oie. Son foie gras de petits carreaux en faïence. Des hoquetements de ses flancs en font glisser certains, plus bas, jusqu’au bord du canal.

La décharge est un lac en suspension, le lac en suspension est un ciel. Les boutons font points de suspension, les points de suspension font une marée et les arbres brisent les lames. J’en entends, des arbres brise lame, qui fouillent le sol de leurs tentacules, ça crisse comme des tunneliers.

Quelqu’un m‘ a dit, « je vais recouvrir d’or les dômes de mes palais »

Les rebords des carreaux font des traits qui soulignent le vide, les traits qui soulignent le vide sont les silhouettes du monde, ils font une toile, un pont sur lequel je peux marcher. Dessous, la houle charrie les débris d’orgueils brisés.

La terre est obèse.

Par endroits, le soleil griffé des branches des orées des bois, atteint le lac. Ses rayons le nucléise, ses chalumeaux soudent, les tessons fusent, je vois le monde se dissoudre dans l’éclat des hauts fourneaux.

C’est éblouissant.

J’ai des fourmis rouges qui me mangent la vue. Mes paupières se fanent, mes yeux se ferment.

Je le sens, la terre a encore faim, car la terre a toujours faim. Je veux la gaver de moi.

Sa gueule s’ouvre, la croûte de sel se dérobe sous mon poids. Je me noie. Dans les reflets pixelisés de l’eau. Je ne me débats pas et me laisse glisser le long des parois du puits de profondeur, l’air de ma bouche tire sur mes joues, je le relâche pour que seul reste celui de mes poumons.

J’entends le bourdonnement des courants de mon corps. Le bruit des sucs digestifs qui dissolvent ma chair. La terre m’ingère de l’intérieur, j’ai son venin dans les veines.

En dedans de moi, sous la surface, puisque tu retiens ta respiration, tu sembles retenir la marche des choses. Je pourrais assouvir ma soif et tout, sans réaction, s’engouffrerait en moi, je me remplirai de l’eau du monde, je l’ingérerai jusqu’à être l’enveloppe de toutes choses. Je serai la terre obèse de vie.

Si je le voulais, je pourrais, c’est certain, être tout, éclater de tout, et faire le vide entre les rebords des carreaux de faïence.

Mon corps et mon esprit s’altérisent. Mon esprit, il souffle une brise sur mon corps d’incandescent.

Des secousses telluriques défébrilent mon cœur. Je hoquette moi aussi, comme une colline gavée.

Ma cage thoracique tire sur ma trachée pour que s’ouvre ma bouche ; je me redresse en dehors de moi, je respire.

La terre est gonflée de nos souffles coupés.

4 Commentaires

    • Bonjour,
      oui c’est très accessible, un peu caché dans un bois mais, si jamais, vous trouverez des gens pour vous renseigner facilement. Pour ce qui est des jolis morceaux, la plupart des tessons sont plutôt banals, mais c’est immense et en fouillant un peu vous aurez l’embarras du choix! C’est très chouette pour faire des mosaïques à la maison.
      Cordialement

  1. MERCI BEAUCOUP POUR VOTRE REPONSE.
    JE SUIS DESOLEE DE N AVOIR PAS VU VOTRE RETOUR AVANT.
    AU PLAISIR DE VOUS CROISER PEUT ETRE LA BAS..
    C. Thouy.

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