vendredi, mars 29, 2024

Les bunkers de la plage de Biville.

 

Bunker BivilleBunker sur la Plage de Biville.

 

 

Ballade sur la plage à Biville, dans le Cotentin…

 

Ça ne suffit jamais.

Il faut toujours recommencer.

Il faut toujours, tout, recommencer.

Les vagues éternellement.

Les rayons du soleil ont la peau douce.

Le vent m’écorche.

Sa langue râpeuse me tire des stries.

Les cabanes de draps sont des couches de peaux.

Je sens dans l’air les odeurs des rhubarbes que l’on épluche.

Il faut toujours recommencer.

Car ça ne suffit jamais.

Les falaises de granit s’effritent et deviennent le sable,

le sable mouvant affamé,

les bunkers s’y s’enfoncent

digérer, même, la guerre

décoller le béton armaturé de la surface.

Les collections de timbres décollés de leurs enveloppes.

Prendre de l’élan, décoller, les parapentes se fichent dans le ciel.

Je me souviens des insectes sur le pare-brise du camion,

en contre-plongée, je les voyais encore dans le ciel.

Le ciel, je voudrais le peindre à l’échelle une.

Il faut toujours recommencer.

Je ne veux que les paroxysmes.

Une fois, j’ai voulu marcher jusqu’au sommet d’un volcan

Je me suis arrêté quelques mètres avant, des gens, déjà, y faisait la queue,

je n’ai jamais atteint le sommet, je l’ai contourné et j’ai redescendu le volcan,

le volcan était éteint depuis longtemps.

Il faut toujours recommencer.

Il faut toujours, tout, recommencer.

Je ne veux que les paroxysmes.

J’en vois deux, évidents,

J’en essaye d’autres.

Les balles rebondissantes en caoutchouc, avec des paillettes à l’intérieur,

on les lançait bien fort

contre les murs

elles tapaient et nous comptions les rebonds

elles fracassaient les carreaux des vitres

ma mère criait et on s’éparpillait.

Il faut toujours recommencer.

Je suis un d’un grand tout qui mène à rien.

Ça me va, je vis, je suis plein d’essences.

Les astronautes se fichent dans le vide spatial.

Comme les météorites.

Ils se meuvent dans l’absolu.

Les météorites se fracassent sur les planètes

les planètes s’entrechoquent et s’éparpillent.

Les pendules de Newton

Il faut toujours recommencer.

Car nous sommes mort de faim et jamais rassasié.

Nous sommes quelque chose qui jamais ne s’érode.

Nous ne serons jamais le vide et l’absolu.

Les bétonnières pleines d’essence font du ciment avec le sable.

On érige des pleins le plus haut dans le vide.

Des verticales pour s’accoupler, avec, en vain

Il faut toujours recommencer.

Ça ne suffit jamais.

Il faut combler le vide.

Le dire deux fois et le faire réexister en insistant

créer, s’accoupler, procréer, corroder, conglomérer, recréer.

On sculpte la porcelaine.

Nos bouches rondes calibrent nos souffles.

Les doigts du plein sculptent l’impalpable.

« Il faut parfois commencer par dessiner le vide », d’ailleurs, c’est ma professeure de dessin qui me l’a dit alors qu’elle se penchait sur mon épaule, sous son gros pull en laine qui me frôlait, je sentais ses seins à la place du vide. Sa main a traversé le vide comme une navette spatiale, jusqu’à ma feuille où ses doigts ont battu l’air du vide au point que les atomes du vide se rangent en un atome solide et que le vide ne soit plus tout à fait le vide. Dans la pièce, je ne pouvais plus bouger, tout le vide étant soudain devenu matière, il avait fallu que pour le dessiner nous le détruisions, qu’il perde son essence liquide et malléable.

Dans le dessin, j’aime le trait qui souligne le vide.

J’ai un voisin d’atelier qui moule l’intérieur de masques africains pour qualifier le vide.

Je me rappelle aussi cette aveugle de naissance à qui l’on avait proposé de dessiner une rivière. Elle avait fait un cercle et des petits points au milieu. Elle s’est expliquée, le cercle est l’eau qui l’enserre et les points sont les cailloux sous ses pieds. J’ai senti dans mon cerveau des réflexions prendre la place d’un vide.

Le vide est un océan où nous pouvons respirer. Le vide contient le plein.

Je marchais sur les galets, le monde dépressurisait, il s’engouffrait avec le vent dans le vide, il ne restait rien et la vie, que le vide lèche comme un bord de mer.

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