Les chroniques « Ardennes françaises mystérieuses, sacrées et insolites » sont inspirées de l’ouvrage et d’émissions de Pierre Guelff aux Éditions Jourdan, à la RTBF et TV5 Monde « Ardennes Mystérieuses, Insolites et Sacrées ». Musique du générique : « Le Réveil ardennais. »(youtube)
« Dans les Ardennes, la forêt est une source de prospérité et d’attractivité qui couvre un tiers de leurs 5 246 km², soit 150 000 hectares », selon la publicité touristique locale. À ce propos, à Renwez, en plein milieu des bois, se situe le « Musée de la forêt » inauguré en 2004 : 11 hectares de surface forestière et un chalet sur pilotis, sept salles de muséographie électronique, des dizaines de mannequins sculptés dans le bois rappelant le travail des bûcherons, débardeurs, forestiers, des marionnettes, une collection de quelque 4 000 outils, 250 machines, des voitures de transport, des machines à vapeur, des expositions thématiques (sur les champignons, par exemple), des concours de bûcherons, et un coin gastronomique où l’on peut déguster le cochon « Ardennes de France » ! Oui, la forêt mérite bien pareille reconnaissance !
D’ailleurs, Jules Michelet (1798-1874), historien célèbre, auteur d’ouvrages consacrés aux mystères de la nature et à l’âme humaine, séjourna à de multiples reprises dans la maison familiale de Renwez, bourg où sa mère naquit et où le frère de cette dernière fut le maire.
Il est vrai que la forêt ardennaise (qui n’est pas seulement la « pourvoyeuse » des sapins de Noël – 3,2 millions exportés annuellement par la Wallonie ! -) est un « véritable or vert », comme le soulignait le magazine « Bio Info » au sujet de la forêt wallonne s’étendant sur près de 30% du territoire de cette région : « Un or vert pour tous ceux qui dépendent de l’exploitation du bois, mais un or vert aussi pour le tourisme. » Trois massifs (La Grande Forêt d’Anlier, la Grande Forêt de Saint-Hubert et la Forêt du Pays de Chimay) devraient aussi porter cette nouvelle philosophie tournée vers l’écotourisme, comme c’est le cas à Renwez dont l’initiative en la matière remonte à une bonne décennie.
La chèvre aux cornes d’or
À une douzaine de kilomètres de Charleville-Mézières, plus spécifiquement à Ochamps, selon une légende ancienne, les chèvres broutaient l’herbe, non loin des bois, sous la haute protection d’une chèvre aux cornes d’or. Un jour, un braconnier sans scrupule, lui tendit un piège et elle se laissa prendre. Un loup dévora le troupeau qui était resté sans défense, racontait-on dans les chaumières.
Dans l’une de mes chroniques radiodiffusées, j’ai abordé le thème de la chèvre d’or. En voici quelques extraits :
– Mais, tout d’abord, quel est cet animal ?
– C’était un animal fabuleux dont la légende remonte au haut Moyen Âge, c’est-à-dire bien avant l’an 1000, et qui vivait en Provence, certains auteurs la faisant voyager jusque dans des contrées plus au nord.
– Qu’avait-il de particulier cet animal ?
– Son pelage, ses sabots et ses cornes étaient recouverts d’or pur.
– D’où vient cette légende ? Y a-t-il, comme pour de nombreuses légendes, des faits historiques sous-jacents ?
– Il faut remonter aux invasions sarrasines en Provence, durant les VIIIe, IXe et Xe siècles pour situer ces faits. En résumé, il faut savoir que du côté d’Arles, de Nîmes, d’Avignon, des célèbres Dentelles de Montmirail, d’Orange, de Marseille, des Baux-de-Provence, ce furent des décennies de pillages, de tueries, jusqu’au jour où toute la noblesse provençale s’unit et forma une puissante armée qui fit tomber l’envahisseur. Mais, avant de fuir, leur chef cacha l’immense trésor de l’accumulation des pillages au fin fond d’une grotte.
– … dans le Val d’Enfer des Baux-de-Provence, dit-on.
– Du moins, le croyait-on, car on le cite aussi à d’autres endroits. Ce trésor était gardé par une chèvre, car, visiblement, le chef maure, qui espérait venir rechercher le fabuleux trésor, n’avait pas confiance dans les êtres humains et une chèvre cela ne parle pas, même sous la torture ! Mais, dans sa précipitation, compte tenu des événements, le Sarrasin brisa un sac de poudre d’or qui se répandit sur la chèvre qui, alors, devint la Chèvre d’or.
Cette légende et ses variantes ont traversé les régions de manière fulgurante et, c’est ainsi que la rumeur populaire, les troubadours et le folklore annoncèrent des chèvres d’or, gardiennes de trésors mirifiques, en Algérie, dans la Vallée du Rhône, dans les Cévennes, en Espagne, dans les Ardennes…
– Y a-t-il une sorte de morale à ce mythe qui perdure donc dans le folklore ?
– Un jour, un homme aurait trouvé ce trésor et il lui aurait parlé comme à une personne : « Ah ! Cette fois je te tiens satané trésor ! ». Jamais on ne retrouva trace de cet homme car il avait oublié le précepte de cette légende : « Celui qui ouvre la bouche pour émettre des paroles « déplacées » ne réussira jamais ! ».
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