vendredi, avril 19, 2024

« Une histoire de l’écologie politique – De René Dumont à Nicolas Hulot » (1) d’Arthur Nazaret (Éditions La tengo)

La naissance, dans les années 70, de l’écologie politique française, un peu l’enfant de Mai 68, les éclosions des manifs anti-nucléaires, de la presse alternative à l’instar de POUR, Charlie Hebdo, La Gueule Ouverte, le soutien aux paysans du Larzac envahis par les militaires de la république, René Dumont et son célèbre ouvrage L’utopie ou la mort, les sit-ins pacifistes contre la Guerre au Vietnam, l’Apartheid sud-africain, les dictatures en Amérique du Sud et dans les Pays de l’Est, en soutien aux Blacks contre la haine raciale aux USA…, l’objection de conscience, la désobéissance civile…, puis, voici une décennie de Fréquence Terre, la participation aux Marches contre Monsanto, pour le Climat, le combat vital pour la survie de la planète…, j’ai donc activement connu tout ça et j’avais un peu la prétention de dire que j’étais assez féru en matière d’écologie et que…. et que…

Jusqu’au jour de ce début 2019, quand j’ai lu Une histoire de l’écologie politique – De René Dumont à Nicolas Hulot, un imposant essai de 350 pages d’Arthur Nazaret publié aux Éditions La tengo, j’ai rengainé ma rengaine de baroudeur de l’engagement citoyen, y compris l’écolo, blanchi sous le harnais, et je n’ai pu qu’opiner quand l’auteur de ce remarquable ouvrage déclare : « C’est une histoire qui n’a jamais été racontée. On compte des dizaines et des dizaines d’ouvrages sur l’histoire du communisme ou l’histoire du socialisme, mais rien sur l’écologie politique, la seule idéologie nouvelle… »

Alors, en une grosse quinzaine de chapitres, il retrace l’historique du mouvement des « Verts » avec une foule d’informations, d’anecdotes, de précisions historiques, de faits, parfois insoupçonnés, au point que Fréquence Terre a décidé d’y consacrer plusieurs chroniques afin de conforter ou d’étendre notre prise de conscience de l’urgence climatique face au capitalisme ravageur et, naguère son pendant, sur ce plan, le communisme.  Mais, pas que ces aspects-là, loin de là !

René Dumont, le premier en France

René Dumont fut le premier candidat écologiste aux présidentielles françaises. Pas de parti, pas de moyens financiers, pas de QG, mais des jeunes qui, en ce début des années 70, avaient convaincu cet agronome réputé de 70 ans, de se présenter. Il accepta en tant que défenseur de la nature certes, mais aussi comme pacifiste et antimilitariste militant : « Les généraux responsables de cette folie criminelle  – de 1914-18, quand il était ado, – sont morts dans leur lit, et nous les avons même statufiés ! » et puis il lança sa campagne électorale de manière à secouer tous les partis et pas mal de citoyens : « Notre mort est au bout de la société de consommation et du gaspillage ».

Il récolta 1,32% des voix, mieux que les 0,75% d’un certain Jean-Marie Le Pen qui venait de créer le Front National. Les graines de l’écologie politique française étaient semées et on vit bien vite un rapace friand de voix tournoyer autour de René Dumont en la personne de François Mitterrand, le flattant « d’homme d’avant-garde et de progrès » tout en soulignant qu’il avait eu le mot juste en déclarant que « l’écologie est incompatible avec le système capitaliste ». Plus loin dans le livre, après avoir raconté l’accueil plus que chahuté dudit Mitterrand au Larzac, Arthur Nazaret le qualifiera de « Machiavel de la Nièvre ».

En attendant, le mouvement écolo, ajouta à sa lutte pour la préservation de la nature, celles contre le nucléaire, pour l’antimilitarisme, la désobéissance civile, le tiers-mondisme, l’autonomie, l’autogestion, le droit à l’avortement…, le mariage entre les paysans du Larzac et les ouvriers de Lip, les accointances avec les Amis de la Terre, le Front libertaire, les anars pacifistes, des féministes, les Amis de l’Arche…

Les écolos, à défaut d’un parti structuré, se concentraient encore sur les luttes sur le terrain, l’activisme spectaculaire, les grands débats…, mais jusques à quand n’allaient-ils pas tomber dans la marmite de la particratie ?

La suite de cette série dans quelques jours…

Musique : http://www.michaelmathy.be/#music

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