« L’utopie, ce n’est pas ce qui est irréalisable, mais ce qui est irréalisé », déclara le regretté Cabu. Gageons qu’il aurait apprécié La Commune des lumières de Jean Lemaître paru aux Éditions Otium.
Effectivement, le caricaturiste de presse et antimilitariste pacifiste notoire aurait certainement chroniqué l’action pacifique non violente développée dans un coin du Portugal dès 1916, sur cette « terre de fraternité et de spiritualité mécréante », à la population brimée par des nantis mais jamais totalement soumise à eux.
Sur ce territoire d’injustice sociale, d’oppression, de fascisme,un certain Antonio Gonçalves Correira, voyageur de commerce, humaniste, anarchiste pacifiste, fonda la Commune des lumières, soit 300 hectares, une vieille ferme restaurée, un potager, une fabrique artisanale de chaussures, une cantine commune et des veillées en chansons :
« Dans un petit village
On entend les travailleurs
Se dire les uns aux autres
Plus jamais d’esclaves ni de maîtres. »
Mais, non loin de là, la bourgeoisie, les réactionnaires, les royalistes, le clergé…, firent tout pour écraser, même dans le sang, ceux qui clamaient et mettaient en pratique une vie basée sur la bonté, l’amitié, une pédagogie alternative à la Francisco Ferrer, la cogestion, le respect de l’autre et de la Nature.
Antonio Gonçalves Correira, l’homme à l’abondante barbe – qu’il ne voulut pas couper tant que le fascisme régnait au Portugal, d’où une pilosité d’un mètre ! -, ne s’avoua pas vaincu et milita pour la fraternité universelle jusqu’à sa mort en 1967.
La principale qualité de cet ouvrage, est que l’auteur recueillit de précieux témoignages, entre autres auprès de descendants de la Commune des lumières, ce qui n’aurait pas déplu à Cabu car, comme l’écrit Jean Lemaître : « La grande révolution sociale a besoin d’hommes et de femmes relevant la tête, informés par d’autres voies que la presse conservatrice. »
Musique : Michaël Mathy.
Photo : Jean Lemaître.
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