Le Mont Ventoux culmine à 1 912 mètres et est surnommé le « Géant de Provence» ou « Le Mont chauve » (le sommet est dépourvu de végétation). Le climat y est particulier : méditerranéen, montagnard, d’où une flore fabuleuse (1 000 espèces de plantes), une faune inouïe (120 espèces d’oiseaux), des spéléologues ayant même retrouvé des ossements fossilisés d’ours bruns il y a une douzaine d’années.
Température caniculaire en été avec de violents orages, elle peut descendre jusqu’à -30° en hiver, la neige se maintenant en moyenne 140 jours par an.
Un dicton climatique fleurit bon sur les pentes du mont : « Quand le Ventoux a son chapeau, quand la Durance a son manteau, s’il ne pleut pas maintenant, il pleuvra bientôt. »
C’est le philosophe français Jean Buridan qui, en 1334, aurait gravi jusqu’au sommet pour la première fois la montagne et la première ascension « relatée » aurait été effectuée par le poète humaniste Pétrarque.
Ce dernier, 32 ans, habitait Avignon et décida de gravir le Ventoux, en compagnie de son frère Gherardo et de deux accompagnateurs en avril 1336, suite à une déception amoureuse. Il adressa son ouvrage intitulé, tout normalement, « L’ascension du Mont Ventoux », à son ami confesseur Dionigi, professeur de théologie à la Sorbonne. C’est l’une des plus célèbres lettres épistolaires de la tradition occidentale. Le récit de Pétrarque est une allégorie à Dieu.
En voici quelques extraits significatifs :
– « Je voulais différer la fatigue de la montée, mais la nature ne cède pas à la volonté humaine, et il est impossible pour un corps de gagner les hauteurs en descendant. »
– « La vie que nous appelons heureuse occupe les hauteurs et, comme dit le proverbe, étroite est la route qui y mène. Nombreux aussi sont les cols qu’il faut passer, de même nous devons avancer par degrés, de vertu en vertu ; sur la cime est la fin de toutes choses, le but vers lequel nous dirigeons nos pas. Tous veulent l’atteindre, mais comme dit Ovide, « vouloir est peu ; il faut, pour parvenir, désirer. »
– « Que de fois, aujourd’hui, j’ai tourné mes regards vers la cime du mont ! Et pourtant sa hauteur me semble bien petite en comparaison de celle où peut prétendre la pensée humaine, si elle ne s’enfonce pas dans la fange des turpitudes de ce monde. »
Au XVe siècle, une chapelle dédiée à la Sainte Croix fut érigée au sommet, aujourd’hui, c’est une immense antenne de télévision qui le domine…
Quant à ses pentes, leur utilisation relève de tous les domaines, parfois insolites…
Effectivement, depuis les temps les plus reculés, les pentes du Mont Ventoux sont utilisées pour faire paître les troupeaux comme l’attestent la présence de nombreuses bergeries souvent bâties en pierres sèches.
Mais, le Mont Ventoux est surtout devenu un site touristique majeur grâce au Tour de France qui l’a popularisé (surtout en 2016, lorsque le coureur Frome dut y mettre pied à terre et commença à l’escalader en… joggant !, un épisode moins dramatique que le décès de Tom Simpson dans les ultimes pentes, en 1967, victime de la conjugaison de la chaleur, du manque de ravitaillement en eau et de la prise d’amphétamines, entre autres) et c’est, aussi, un haut (!) lieu de pratique sportive : cyclisme, donc, courses motorisées, ski alpin, ski nordique, équitation, VTT, parapente, « grimpe d’arbre », cyclotourisme, randonnée et, pour quelques inconditionnels de la course à pied en montagne et du jogging – j’en fus à un récent été -, l’ascension éprouvante de pentes avec des endroits s’apparentant à un enfer terrestre !
Selon le versant, la route est plus pentue, plus longue, allant de 9,5 à 10,7 % de moyenne et de 21 à 26 kilomètres.
Cependant, cette montée mythique dans un site environnemental exceptionnel, peut s’avérer dangereuse lorsque le vent se lève, puisqu’on y a déjà relevé une vitesse de 320 km/h, il y a cinq décennies.
À la semaine prochaine !
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