lundi, mars 18, 2024

Ils sont re-devenus fous (surtout aux USA) !

Mai 68, quoiqu’en pensent Sarkozy, Fillon et Cie, ne fut pas la chienlit. À l’époque, le slogan « Changez la vie ! » s’adressait à tous ceux qui se posaient des questions existentielles et, ce sont les gauchistes qui, historiquement, impulsèrent des thématiques inhabituelles : le féminisme et l’écologie.[1]

L’ordre moral y fut dénoncé et combattu et, à ce propos, je relis un bulletin de la Jeunesse communiste révolutionnaire qui prédisait, je cite, « un jour on pourra faire l’amour quand on veut, avec qui on veut, tout simplement parce qu’on en a envie, et non pour reproduire de la force de travail que les capitalistes pourront de nouveau exploiter vingt ans plus tard. »

En 1968, la majorité de la France, comme une grande partie des États-Unis actuellement, était puritaine, traditionnelle à l’excès et étouffante au point que la sexualité se vivait bridée conformément aux prescriptions religieuses dans le cadre du couple.

Mai 68 fut donc la lutte contre les multiples oppressions sociétales, celles des femmes en particulier.

Quelques années plus tard, au mitan des années 1970, des féministes n’hésitèrent pas à brandir à l’Arc de Triomphe parisien un slogan explicite sur la difficile ascension dans le monde politique de leurs légitimes revendications : « Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme ! »

De ces luttes découlèrent le droit à l’avortement et à la contraception libres et gratuits. De grandes victoires, donc. C’était sans compter avec le travail de sape de gens qui, d’un côté, agissent pour s’attaquer à ces acquis au nom du « droit à la vie », et qui, en même temps, œuvrent pour maintenir, voire consolider le « droit de tuer » en n’abolissant pas l’achat en toute liberté des armes.

Aux États-Unis, le droit à l’avortement est largement bafoué depuis quelques heures par un « talibanisme en robe noir », selon Libé.

Et, la machine à broyer de la démocratie est lancée puisque, deux exemples parmi d’autres cités à Washington, la Cour suprême des États-Unis, celle qui accaparée par des juges ultraconservateurs élus par Donald Trump, entre autres, cette haute juridiction a dans ses tablettes la remise en question du droit à l’intimité, dont le choix de partenaires de même sexe, et l’accès à la contraception, ni plus ni moins !

Sans conteste, la vigilance s’impose, car le droit à l’IVG est aussi de plus en plus insidieusement remis en question dans l’Hexagone, comme en Belgique d’ailleurs, sans parler de la Pologne et de Malte où il est considéré comme un crime.

Tous ces pays se présentent tout de même comme démocratiques, alors qu’il s’agit de dogmatisme, créé par l’extrême droite, un fanatisme combiné à une politique de l’autruche de la part de partis prétendus socio-démocrates ou modérés.

« L’Histoire repasse toujours les plats », dit un dicton populaire, et il est judicieux de rappeler qu’en Mai 68 nous scandions : « Un vote, oui, mais pas une voix ! », signifiant que si la possibilité de voter était donnée aux citoyens, leurs voix étaient souvent dédaignées par les appareils de partis qui, pour de multiples raisons, souvent mercantiles, allaient à l’encontre de la volonté du peuple.

Eh bien, nous y sommes à ce retour de plat ! Quelque 70% des Américains sont favorables à l’interruption volontaire de grossesse contre 20%, mais ces derniers, manipulés par des Églises et des personnages très puissants financièrement et forts de lobbys « pro-life » proches de politiciens, ont fait que la liberté personnelle, le droit à la vie privée, dont celui de disposer de son corps, ont été rayés, ou vont l’être, pour des centaines de millions de citoyens.

Tout en interpellant nos politiciens sur cette menace très concrète, une urgente piqure de rappel soixante-huitarde est la bienvenue !

[1] L’histoire du gauchisme – L’héritage de Mai 68, Philippe Buton, Éditions Perrin, 2022.

Photos : POUR et Pixabay.

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