vendredi, avril 19, 2024

Rencontre avec Bob Dylan : tant de choses à partager ! (3/4)

En octobre, je dois rencontrer Bob Dylan. Lui sera sur scène et moi dans la salle de concert mais, et ce serait la cerise sur le gâteau, l’organisateur n’exclut pas une conférence de presse à laquelle je serais invité. J’ai tellement de choses à lui partager.

Entre autres…

…que dans ma candeur de jeune militant pacifiste, je pensais qu’il était notre chef de file au cœur des événements des années 1960. Quelle erreur !

« Je n’étais le porte-parole de rien ni de personne, j’étais seulement un musicien. Sans aucun doute, mes textes avaient touché des sensibilités qu’on n’avait pas encore touchées. Tant que mes certitudes restaient intactes, je ne devais rien à personne, écrit-il dans Chroniques, son autobiographie parue chez Folio. Légende, icône, énigme, ce genre de choses, ça va. Sereines inoffensives, usées, ces dénominations-là sont plus faciles à contourner. Prophète, messie, sauveur… ça, c’est dur. Je me sentais vraiment isolé, sans personne d’autre que moi et ma petite famille qui grandissait, face à un monde livré à de fabuleux sorciers. Je refusais d’être un symbole, un emblème ou un porte-parole. Révolté, pas engagé en somme ! »

Et puis, dans les années quatre-vingt, la superstar, après de multiples introspections, déclara : « Je marche depuis trop longtemps à l’instinct et à l’intuition et – problème – ces deux gentes dames se muent en vautours et me sucent la moelle. Puis, brusquement, un soir en Suisse lors d’un concert, tout s’est disloqué et je me suis envolé, le phénomène inattendu s’est produit devant tout le monde. C’était une métamorphose. S’il m’avait manqué un dessein, eh bien, je l’avais. J’étais devenu un autre interprète, j’avais l’idée de redémarrer, de me mettre au service du public. »

Il décrit cette métamorphose : « L’amour, la peur, la haine, le bonheur… dans les termes les plus évidents avec mille et une ramifications subtiles. Une fois de plus, les événements extérieurs peuvent inspirer une chanson, parfois allumer le moteur. »

J’ai encore relevé quelques phrases qui corroborent sa révolte :

  • « Il fait abolir le chemin qui va du bien au mal. »
  • « Si quelqu’un vole du cuir et fait des chaussures pour les pauvres, c’est un geste moral, mais illégal, donc répréhensible. C’est cette dissociation entre le côté légal et le côté moral des choses qui me dérange. »
  • « On n’avait pas la parano des communistes, on n’en avait pas peur, tout ça, c’était du bruit pour rien. Les cocos valaient bien les extraterrestres. S’il y avait quelqu’un à craindre, un ennemi, c’était plutôt les grands propriétaires miniers. »
  • « J’ai été initié à la poésie d’Arthur Rimbaud. Ça n’était pas n’importe quoi. Quand je suis tombé sur la formule ‘‘Je est un autre’’ dans une de ses lettres, les cloches ont sonné à toute volée. C’était parfaitement clair. »
  • « Je ne cherchais pas l’amour, je ne cherchais pas l’argent. La conscience aiguisée, j’étais déterminé, irréaliste et visionnaire par-dessus le marché. »

Bob Dylan, est ce musicien de génie qui aspirait à la gloire certes, mais qui ne la supporte toujours pas.

 

 

 

 

 

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