mercredi, octobre 9, 2024

Reportage Fréquence Terre : Bob Dylan sur le chemin « rude et tapageur » 

Bob Dylan semble se foutre complètement de sa médiatisation : pas d’interviews, pas de déclarations publiques, une rigoureuse interdiction des smartphones dans la salle de concert où il n’est pas question de prendre une photo, et si vous arrivez en retard, impossibilité d’y accéder dès la première note du band interprétée, disait-on, l’heure de démarrage étant respectée quasiment à la minute.

Dans le fond, a-t-il tort ? S’agit d’une « manière rude et tapageuse » comme le titre générique de sa tournée (« Rough and Rowdy ways ») ? Qu’est-ce qui compte le plus : s’acharner à réaliser des selfies ou déguster l’heure trois quarts de nouveaux textes, ou, plus rarement, de ceux qui l’ont fait entrer dans la légende, morceaux à l’écriture engagée chantés de sa voix rauque, quelque fois « accidentée », comme disait une admiratrice ?

Bob Dylan « vit » ce qu’il interprète, pas besoin, à ses yeux, d’artifices pour faire le show avec une entrée fracassante sur scène, pas de rappel et de fausses sorties de scène, pas de tralala de spots, d’écran géant, de passerelle. Non, il est là, assis ou debout à son piano, tout habillé de noir, comme ces cinq fabuleux musiciens. Il se met d’ailleurs physiquement et très symboliquement à leur niveau, et, de temps en temps, les six se placent, côte à côte, sans bouger, pour saluer à leur manière la salle qui tangue de bonheur et de partage.

 

Bon Dylan, c’est mon Mai 68 à moi, c’est ma kyrielle de manifs contre la Guerre du Vietnam, contre le nucléaire, contre les armées, c’est mon passage devant le tribunal militaire belge pour objection de conscience…

Bob Dylan, c’est lui qui balança « Nous vivons dans un monde politique où la sagesse est jetée en prison, nous vivons dans un monde politique où la paix n’est pas la bienvenue du tout », « Combien   de fois doivent tonner les canons avant d’être interdits pour toujours ? », « Vous, maîtres de la guerre qui n’avez jamais fait que construire pour démolir, vous jouez avec le monde comme si c’était votre petit jouet »…

Ce samedi 15 octobre 2022, là, dans cette salle de la Capitale de l’Europe, Bob Dylan rappela implicitement qu’à quelques centaines de kilomètres de nous, des civils, enfants y compris, sont les victimes innocentes de ces maîtres de la guerre qui ont amassé plein de fric mais qu’ils ne pourront jamais racheter leur âme, comme le souffle le vent, « Blowin’ In The Wind ».

Le sublime final avec un Bob Dylan à la fois chanteur et pianiste, puis, enfin, à l’harmonica, qui me rappelle l’une de ses mélodies qui se termine par « Tant de routes, tant d’enjeux, tant d’impasses, je suis au bord de l’abîme, parfois je me demande ce qu’il faudra pour trouver la dignité »

 

Photos Nola, Marie-Paule Peuteman, A.S. (que nous remercions), Pixabay.

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