jeudi, mai 2, 2024

Des « excuses » de la natalité en baisse  

Au JT de 20 heures de France 2, en ce dimanche 5 décembre 2022, a été programmé un reportage sur, je cite, « Comment expliquer la baisse drastique de naissances en un an ? » À savoir, 10% d’octobre 2021 à octobre 2022.

Un démographe y alla de son expertise : « Si dans cinq ou six ans, la baisse des natalités persiste, il y aura bien un mouvement de fond et non passager. »

Cinq très courts témoignages, appelés micros-trottoirs dans le jargon journalistique, illustrèrent cette séquence :

  • Une jeune femme : « Avec le réchauffement climatique, cela sert-il vraiment à quelque chose de faire des enfants ? Qu’est-ce qu’on va leur laisser ? »
  • Une autre jeune femme : « Faire un enfant est quelque chose d’égoïste quand on voit qu’il va vivre dans un monde voué à l’échec… »
  • Un jeune adulte : « Le monde est trop peuplé, de plus, on ne va pas dans la bonne direction avec les conflits qu’il y a… Je ne veux donc pas d’enfant ! »
  • Un autre jeune homme : « Un seul enfant, car avec les conditions climatiques actuelles, cela va être un peu compliqué… »

Il y a aussi l’aspect financier, comme l’expliqua une jeune adulte :

  • « Pouvoir d’achat, inflation, hausse des prix, les gens ont moins d’argent… », dit-elle.

Qui dit moins d’argent, dit donc moins d’enfants dans la société contemporaine.

Personnellement, si j’avais été l’intervieweur, je leur aurais posé la question suivante : « Et que faites-vous concrètement, je dis bien concrètement, pour qu’il y ait d’autres conditions climatiques ? Pour qu’il y ait moins d’injustice sociale ? »

J’ai déjà posé ce genre de questions qui fâchent dans des reportages et la vie courante et, grosso modo, ce furent les mêmes réponses, disons « fuyantes » : « Ce n’est pas moi qui vais changer quoi que ce soit. » Point barre.

Toujours, ou, du moins, très souvent, le même argument, donc.

Que je prenne l’avion ou non, cela ne changera rien aux émissions de gaz à effet de serre, que je dise non à la 5G, cela n’empêche pas les industriels de plancher sur la 6G, que je boycotte le Mondial de foot, cela ne touche guère les milliardaires du foot, que je fasse ou non grève, un de plus ou un de moins ne changera pas la situation, idem pour interpeller les politiciens…

J’y ajoute, les justifications prêtes à l’emploi pour ne pas s’engager malgré des promesses ou déclarations péremptoires : passer un week-end aux Baléares, conduire l’enfant-roi en SUV à l’école, etc.

J’ai aussi déjà longuement évoqué dans cette rubrique tous ceux qui lancent des « Y a qu’à… », « Il faut que… » et je leur ai suggéré de méditer ce proverbe arabe : « Qui veut faire quelque chose trouve un moyen, qui ne veut rien faire trouve une excuse. »

L’hebdomadaire Marianne[1] vient également de se pencher sur la responsabilité individuelle dans sa rubrique « L’idée de la semaine » : « Ce qui pose question, c’est l’idée sous-jacente au refus de s’impliquer à titre personnel en prétextant son inutilité. C’est la négation du principe démocratique, pour lequel chaque voix compte. »

Bertolt Brecht (1898-1956) déclara : « Nous sommes trop peu contre l’infamie et, de tous ceux qui nous regardent en spectateurs, nous attendons au moins qu’ils aient honte. Ceux qui luttent ne sont pas sûrs de gagner, mais ceux qui ne luttent pas ont déjà tout perdu. »

[1] Du 1er au 7 décembre 2022.

Photo : Pixabay.

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