lundi, décembre 9, 2024

Se retenir aux brindilles de Sébastien Fritsch (Éd… Fin mars, début avril)

« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.

Quel étrange et haletant roman que « Se retenir aux brindilles » de Sébastien Fritsch paru aux « Éditions Fin mars, début avril ».

Ariane, personnage principal, s’est, dès son enfance, enfoncée dans un environnement fort particulier. Par exemple, celui de dire qu’elle était orpheline de mère, odieusement tuée dans un attentat, alors qu’elle était prisonnière d’un fauteuil roulant et restait confinée dans la demeure familiale : « Cela me semblait diablement plus efficace pour faire pleurer dans les chaumières… et obtenir qu’on me fiche la paix », expliquait-elle.

Alors, l’auteur, avance dans son histoire à pas feutrés (ou très lourds, selon les circonstances). Il avance avec méticulosité, il dissèque chaque situation à la manière d’un spécialiste de la microchirurgie.

Trente ans après son enfance, Ariane retourne dans son village, plus particulièrement au château abandonné, devenu hôtel, « pour approcher suffisamment mes frayeurs d’enfant pour effacer mes angoisses d’adulte. »

Et, nous voici repartis pour une nuit d’angoisse avec ce mélange subtil entre le passé et le présent qui, au fil des chapitres, va crescendo, le tout ponctué de très jolies phrases malgré un scénario parfois assez dur : « Profitons de la lumière du jour jusqu’au dernier moment, me disait ma mère chaque soir, alors que la pénombre aurait déjà interdit à tout chien errant de se faire passer pour autre chose qu’un loup. »

Et le titre de cet ouvrage, « Se retenir aux brindilles », encore une énigme ? Voici un élément de réponse, sans dévoiler davantage ledit scénario au risque de casser le suspense, élément apporté par Ariane elle-même, le visage tuméfié de femme battue, du moins on le devine, qui tente de dialoguer avec la vieille Marthe, devenue amnésique : « Le silence de Marthe pèse de nouveau sur moi : je ne parviens plus à trouver les mots ; j’ai beau chercher comment poursuivre mes explications, rien ne vient. Je m’enfonce au contraire dans les pensées les plus sombres, comme aspirée par un marécage, incapable de trouver ne serait-ce qu’une brindille à laquelle m’accrocher. »

Ce roman est le cinquième de Sébastien Fritsch et, assurément, il ne déparerait pas dans les cadeaux à offrir en cette fin d’année. Ne fût-ce que pour trouver la réponse aux questions posées par l’auteur : « Fuir ou rester ? Avancer ou reculer ? Abandonner ou se retenir aux brindilles ? »

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