« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
Lire ou relire Lanza del Vasto, disciple de Gandhi sous le nom de Shantidas – Serviteur de Paix -, n’est pas un luxe ou une perte de temps.
Avec « Le Pèlerinage aux sources », écrit de 1936 à 1938, puis publié chez Denoël en 1943 et réédité aux Éditions du Rocher il y a une dizaine d’années, certes, c’est une certaine comparaison entre deux périodes de l’Histoire particulièrement troublées que l’on peut établir, mais c’est avant tout une série de concepts qui restent valables soixante-quinze ans après leur écriture.
Lanza del Vasto (1901-1981) est ce philosophe, poète, sculpteur, dessinateur, militant de la Paix et fondateur des Communautés de l’Arche créées sur le modèle des ashrams de Gandhi auprès duquel il vécut de longs mois.
Son nom est aussi étroitement lié à la lutte contre la torture lors de la Guerre d’Algérie, contre la bombe atomique, le camp militaire du Larzac, le réacteur nucléaire de Creys-Malville, etc.
Voici quelques-unes de ses réflexions : « Le sot est celui qui ne sait pas que les faits qui lui surviennent sont des signes et qui n’essaye pas de se lire. (…) Mais que les courtiers, les spéculateurs, les politiciens nationaux ou étrangers n’aient aucune prise sur les produits dont la vie du peuple dépend. Il ne convient pas que les uns jouent à la balle avec le fruit du travail des autres. (…) L’homme se fait en faisant quelque chose. (…) Les maux les plus profonds sont au-delà de la douleur. »
Et l’action non-violente dont il fut un chantre ? « Je me souviens, raconta-t-il, d’un jeune homme devant moi qu’un soldat menaçait, la crosse levée, en criant : « Recule, ou je frappe. » « Frappez, dit le jeune homme, j’imaginerai que vous êtes mon père et que vous le faites pour mon bien. »
Une conclusion ? « La liberté n’est-elle pas l’essence de la vie ? Mais qu’est la liberté sans risque ? La vie sans danger perd son goût. C’est pourquoi je tiens qu’il est sage d’oser. »