jeudi, octobre 10, 2024

« Je meurs de ce qui vous fait vivre » de Paul Couturiau (« Les Presses de la Cité »)

PGF avril 2015 - Copie (3) copie« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff .

Le choix d’une citation qui « ouvre » un livre, n’est jamais fortuit, on s’en doute. Ainsi, Paul Couturiau cite d’emblée Sören Kierkegaard (1813-1855), auteur, théologien et philosophe danois, considéré comme l’un des pères de l’existentialisme : « Les gens exigent la liberté d’expression pour compenser la liberté de pensée qu’ils préfèrent éviter. »

Et puis, Paul Couturiau, a davantage attiré l’attention sur son nouveau roman paru aux « Presses de la Cité » avec ce titre exceptionnel : « Je meurs de ce qui vous fait vivre ».

9782258117549Le contenu de son récit est-il de la même trempe que ses fantastiques « Abbaye aux Loups », « Silences de Margaret » et « L’Ange de la Renardière », dont il a déjà été question dans la présente rubrique « Littérature sans Frontières » ?

Assurément, cet ancien « Grand Prix de Littérature policière » et « Prix de la Maison de la Presse » est un conteur hors pair qui, par une écriture accessible et intelligemment rythmée, captive le lecteur de chapitre en chapitre avec, chaque fois, l’art de bondir ou de rebondir dans une histoire parsemée d’épisodes touchants et réalistes, qui interpellent souvent au plus haut point : « Elle rêvait de rendre au socialisme sa grandeur et sa puissance, mais elle s’est heurtée à une guerre des chefs plus souvent qu’à des élans fraternels. » Pourquoi, donc, la jeune Rémy Caroline, dite Line, voulut-elle mourir en ce mois de mars 1881 à Paris ? Par révolte ? Pour le fait d’avoir été une femme réfractaire ? Pour appeler à l’amour (« Roméo, sinon rien ! ») ? Pour faire vivre le « Communard » Jules Vallès, son mentor ès journalisme, et le « Cri du peuple » ?

Alors, comme dans le sublime film de Claude Sautet « Les Choses de la vie » (avec Michel Piccoli, Romy Schneider, Lea Massari), défilent des pans entiers de l’existence passablement tourmentée de la jeune femme. En quelques secondes à peine, apparaissent des années de souvenirs mais, je ne prends pas le risque d’en raconter davantage de peur de dévoiler la trame de ce roman remarquable teinté de faits historiques avérés.

Je préfère vous livrer quelques propos qui, mieux que de longs discours, campent le récit : « Les êtres que l’on aime ne sont pas éternels. Les regrets, si » et ceux de Line qui aimait tant écrire, car « écrire c’est instruire, c’est informer, c’est éveiller, c’est faire rêver, c’est hurler, c’est aimer, c’est vivre… »

Et, qui dit mort appelle une naissance, dit-on. Alors, après Line et Caroline, voici Séverine…

À présent, je comprends mieux cette phrase sublime, elle aussi, lue dès le prologue : « Caroline Rémy n’avait pas vingt-six ans le jour où elle s’était donné la vie d’une balle en plein cœur. »

La vie ne s’arrête pas après la mort, elle continue pour l’éternité, dit-on aussi. Paul Couturiau l’a parfaitement démontré dans ce roman sublime et tellement émouvant : de la littérature qui, j’en suis convaincu, ne vous lâche pas durant des années…

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