« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
Adrien Legendre, le père de Frédéric, principal personnage du fantastique livre « Les chemins de la fraternité » de Jean-François Nahmias (Albin Michel), était entré à 7 ans dans une fabrique de boutons à Orléans. Il y devint un patron tyrannique. Main-d’œuvre féminine et enfantine aux cadences élevées et salaires misérables, leur employeur avait effacé de sa mémoire son passé d’ouvrier.
Débute, alors, une saga aux multiples rebondissements. Frédéric n’avait qu’une idée en tête : remplacer son père à la tête de l’usine « Boutons Legendre », jusqu’à sa visite de l’atelier où trimaient les ouvrières. Parmi elles, Miette, une gamine. Elle demanda un petit moment d’arrêt pour soulager ses menottes. Le contremaître et Frédéric refusèrent. La machine broya bras de l’enfant, qui mourut sur place. La maman de Miette, portant le corps sans vie de sa fille, lança à Frédéric Legendre : « C’est votre œuvre ! » L’atelier se vida et la grève éclata, ce qui tracassa Adrien Legendre. À peine Miette enterrée, des gendarmes déguisés en ouvriers arrêtèrent sa mère : « C’est une meneuse ! » avaient décrété les autorités et le patron de l’usine.
Choqué, Frédéric sut que son destin venait de basculer : « Vous êtes un monstre ! » hurla-t-il à son père. Il le quitta et monta à Paris pour épouser des idées révolutionnaires.
Dans la capitale, il s’occupa des gens qui semblent « n’être rien, mais qui sont tout », ces sans-voix (autrement dit des « sans-dents » !), qui finissent par couvrir toutes les voix, ces démunis, qui portent en eux la vraie richesse. C’est-à-dire les misérables, ce peuple, source de toute grandeur, de toute générosité, avec pour ciment la fraternité » alors qu’en face, chez les nobles et les bourgeois, c’était « la défense des privilèges et l’appât du gain. »
Frédéric choisit définitivement son camp : celui de la démocratie.
Il rencontra la jolie « Bouton d’or », qui le plaqua rapidement car elle visait la noblesse et devint la confidente de l’impératrice. À la guerre de 1870, « Bouton d’or » se transforma en « Veuve noire » et frappa de son venin beaucoup de personnes, envisageant même la mort de son ancien amant, Frédéric Legendre.
Inutile, je crois, d’en raconter davantage au risque de dévoiler l’issue de cette fresque remarquable et passionnante écrite sous la plume magnifique de Jean-François Nahmias.
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