jeudi, novembre 7, 2024

Théorie du voyage de Michel Onfray (Livre de Poche)

PGF avril 2015 - Copie (3) copie« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff sur « Fréquence Terre-RFI »

Pour ne pas mourir idiot, j’ai lu un ouvrage de Michel Onfray, ce philosophe qui défraie tant la chronique sur des sujets sociétaux particulièrement sensibles. Alors, j’ai choisi un livre qui date d’une décennie, donc loin de toute polémique (en principe !), « Théorie du voyage poétique de la géographie » (Livre de Poche).

Je cite tout d’abord une comparaison qu’il développe : « Les marcheurs, les chemineaux (c’est-à-dire les vagabonds qui parcourent les chemins), les gyrovagues (qui sont des moines itinérants et solitaires »), les paissants (à savoir, je suppose, ceux qui font paître des animaux), les coureurs, les voyageurs, les déambulateurs, les flâneurs, les promeneurs, les arpenteurs, déjà, encore et toujours, opposés aux enracinés, aux immobiles, aux pétrifiés, aux statufiés. L’eau des ruisseaux courante et insaisissable, vivante, contre la minéralité des pierres mortes. »

9782253084419-TEt, ce constat, que je résume avec quelques-unes de ses idées : « Le voyageur déplaît au Dieu des chrétiens, il indispose tout autant les princes, les rois, les gens de pouvoir désireux de réaliser la communauté dont s’échappent toujours les errants impénitents, asociaux et inaccessibles aux groupes enracinés. »

Michel Onfray clame aussi, et je le résume encore : « Toutes les idéologies dominantes exercent leur contrôle, leur domination, voire leur violence sur le nomade. (…) Le capitalisme d’aujourd’hui condamne pareillement à l’errance, à l’absence de domicile ou au chômage les individus qu’il rejette et maudit. Leur crime ? Être inadmissibles au marché, la patrie des argentiers. Leur châtiment ? L’avilissement des corps et l’impossibilité d’un havre, d’un repos. Cela empêche-t-il de voyager, donc de goûter au mouvement, d’avoir la passion pour changement, la rage de l’indépendance, le culte de la liberté ? L’art de voyager, c’est surtout le concept d’ouverture vers le monde, découvrir ou redécouvrir, sentir des couleurs, goûter des parfums, toucher des sons, entendre des températures, voir des bruits… »

On aura compris tout l’art d’un savoureux mélange des sens dans ces derniers mots, et je ne résiste pas à livrer cette observation qui paraît avoir été écrite hier, alors que l’ouvrage date d’une dizaine d’années : « Et, l’histoire n’est pas morte, elle vivra autant que les hommes et aussi longtemps qu’un seul individu se refusera à la domination universelle d’une nation à la monnaie puissante ou à l’État planétaire. »

Enfin, il me plaît de conclure la présente chronique par une citation, que je partage au propre comme au figuré : « Tout voyage est initiatique, comme toute initiation ne cesse d’être un voyage ! »

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