Presqu’une décennie après Mai 68, « les filles voulaient prendre la pilule et le large, les garçons prendre les filles, les parents prendre le parti de ne rien voir du flagrant délire de rejetons que les vieux chargeaient désormais de tous les maux du monde », dont celui que le presbytère d’un village lorrain était vide, faute de curé…
Ainsi, dès les premières lignes du roman « Sous le regard du loup » de Gilles Laporte, plume marquante aux « Presses de la Cité », le ton et l’envol sont donnés pour quelque 380 pages d’un récit palpitant, chaleureux, où la fraternité et l’amour se devaient de dominer la haine et la violence.
Quand il trouva huit brebis de son troupeau massacrées, on imagine son désarroi. Et puis, dans la région, ce furent des génisses tuées sauvagement, des bœufs, agneaux, poulains… qui subirent pareil sort. « C’est un loup ! » clamaient les gens en organisant des battues avec l’aide des autorités.
Marie, la fille de Claude, étudiante en philosophie à Nancy, décida d’élucider cette situation. Sa rencontre avec un journaliste couvrant les événements s’avéra déterminante. Un hasard, cette rencontre ? Voici la réponse de la belle Marie à Guillaume, le plumitif d’origine normande : « Le hasard n’existe pas. Il n’est que prétexte de paresseux qui renoncent à comprendre la vraie nature des êtres, des phénomènes, des choses, et de la prodigieuse mécanique du monde. »
Alors, à travers un splendide récit, Marie et Guillaume entonnèrent un véritable hymne à la Nature : « La planète terre ne nous appartient pas. Elle n’appartient à aucun en particulier des êtres vivants qui la peuplent. Nous n’avons pas plus de droits que les animaux et les végétaux, pas moins non plus. » Dans une région où les chasseurs étaient rois, comment ce discours allait-il être accueilli, surtout lorsqu’elle déclara publiquement « Ce n’est pas un loup qui a tué ! » ?
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