« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
Lucien, un patron qui a envie de partager avec ses ouvriers « une sorte de plénitude aussi solide que la conscience du devoir accompli », ça doit être rare, non ?
Pourtant, c’est ainsi que débute le roman « Le Bois et la Source » de Sylvie Anne publié aux Presses de la Cité.
Mais, la situation évolue. Malheureusement, ce sympathique patron, veuf, père de deux jeunes adultes, va voir son existence basculer dans le désarroi, la dépression, l’alcoolisme : une violente dispute se déclenche avec son fils aîné, Jacques, 22 ans, au point que Lucien s’écroule d’un sérieux malaise cardiaque.
La raison ? Jacques vient de lui apprendre son intention de s’établir avec Elena, divorcée, jolie, au point que tous les hommes la regardent avec insistance, écologiste dans l’âme et sa manière de vivre, les femmes du village sont jalouses et la décrivent comme une sorcière.
Jacques réclame sa part d’héritage alors que, justement, son père voit en lui son successeur à la menuiserie, son autre fils, Julien, 18 ans, préférant la restauration.
Alors, comme dans un cauchemar, les mauvaises nouvelles s’accumulent : Jacques se met à boire, Julien perd son emploi, Elena, enceinte, est harcelée par son ex-mari, une sombre brute…
Je n’en dis pas plus, de peur de trop dévoiler cette saga écrite sur un rythme qui mène le lecteur d’une intrigue à une péripétie sordide. Ce roman, c’est le reflet de destins qui se croisent, se séparent, s’attirent, se disloquent, se recroisent…
La description de tous les personnages, aimable maire, rigoureux curé, gentille boulangère…, puis Chaska, l’Étoile, la fille d’Elena, entraîne le lecteur à littéralement les visualiser, à les suivre pas à pas, quasiment à les toucher et à entamer un dialogue avec eux. Du grand art, en somme !
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