« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
La ferme de la Petite Marquise, des pinèdes à perte de vue et Hector qui avait plus de considération pour les chevaux que pour les êtres humains. Cet homme, imbu de sa personne, toisait les gens avec le regard insolent des maîtres ou des fils de maîtres. Il se considérait comme le chef du clan des Marinzacq depuis que le patriarche déclinait physiquement et avait quelque peu perdu la tête. Un maître dur et injurieux envers sa femme et maints autres proches, membres du personnel ou habitants. Dès lors, inutile de dire que les deux principaux mâles de cette famille étaient peu considérés dans cette région landaise où elle résidait depuis des décennies.
Mais, dans cette histoire de terroir « Les larmes de la pinède », merveilleusement contée par Jean-Paul Malaval (Calmann-Lévy), il y a Josée, « la plus petite et la plus rebelle des descendants Fortegui, famille située à cinq kilomètres à peine de la Petite Marquise. »
Jeune et jolie veuve, fort courtisée, elle continuait l’entretien et le développement de cent hectares de pins.
Hector vint la demander en mariage et elle le renvoya à sa ferme, illico : « Comment pourrais-je supporter le caractère de cette espèce qui ne tolère que sa propre suffisance ? » pensa-t-elle. En la quittant, il frappa du poing la rambarde de la demeure de Josée en se promettant de ne pas en rester là… N’avait-il pas calculé que leur union ferait quelque six cent mille pins ? Voici, donc, comment débutent les 300 pages d’une saga écrite par un spécialiste du genre et, comment ne pas lui donner raison lorsqu’il clame : « La bêtise des autres ne doit jamais nous inspirer, sinon on se condamne à la partager. »
Une question essentielle, cependant : Josée finira-t-elle par partager l’existence d’Hector ?
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