samedi, décembre 7, 2024

La Malamour de Claude Mossé (Presses de la Cité)

« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.

D’où provient le titre assez surprenant du roman « La Malamour » de Claude Mossé (Presses de la Cité) ? Il s’agit du surnom donné par mère Adèle, supérieure d’un couvent d’Avignon en 1772, qui recueillit un nourrisson abandonné ; une nonne qui « souffrait de n’avoir jamais été demandée en mariage tant son physique revêche attirait peu les prétendants. »

À 17 ans, Éloïse, dite Malamour, elle, était devenue la jolie maîtresse d’un haut prélat de l’entité, Philippe Casoni.

Voici, donc, comment débute cet ouvrage exceptionnel signé par un Provençal de souche, historien et grand reporter radio-tv. Une fiction qui, néanmoins, respecte la réalité historique, précise-t-il.

La jeune fille était certaine d’une chose dans cette société en proie aux remous et turpitudes : elle préférait le service du peuple à celui de Dieu et ferait tout ce qui est possible pour qu’il en soit ainsi. Quitte à privilégier le silence quand ce serait nécessaire, voire certains mensonges à une périlleuse vérité.

Ainsi, elle fut sensible au discours d’un jeune et beau ouvrageur travaillant chez un maître imprimeur : « Je suis d’un village près de Carpentras et nous avons besoin de vous. Dans le comtat, les gens du peuple souffrent depuis trop longtemps, nous sommes convaincus que le légat saura vous écouter. Dans tous les monastères et couvents, on prend garde de ne jamais évoquer les misères des pauvres… »

C’est vrai que son amant, riche et puissant homme de Dieu, dédaignait tout manant qui se lamentait sur son passage : « Si vous avez faim, faites rôtir des rats… Ils courent dans tout Avignon ! »

Éloïse-Malamour emboîta rapidement le pas des révoltés pour devenir une sorte de « voix de la liberté et de la vie pour une vie meilleure ».
La misère des paysans et des gueux qui ne troublait pas les gens d’Église, lui était insupportable. Elle s’enfuit du couvent et du lit de Casoni, connut  le viol, Mirabeau, se retrouva au fond d’un cachot crasseux, vécut  une libération inattendue, et repartit en croisade !

Son but, obsessionnel, était d’unir toutes les terres pontificales au nouveau département du Vaucluse, celui régit par des lois républicaines faisant, en principe, de tous les habitants des citoyens libres et frères sous la bannière tricolore.

« J’affirme que la réussite des révolutionnaires ne passe pas nécessairement par la violence et le sang. Si Robespierre le préconise, moi Éloïse dite la Malamour », je m’y refuse ! »

À quel prix ? Dans quelles conditions ? Sous quelles formes ? Quelque 350 pages nous racontent le destin, fantastique, de ce nourrisson abandonné chez les nonnes et qui devint une femme à la fois redoutée par des puissants et adulée par le peuple.

Assurément, un livre qui marque les esprits et les consciences ! Et un auteur qui trouverait sa place dans « La Grande Librairie » (France 5), là, où, dernièrement, j’ai entendu une citation de Dante, à laquelle je souscris totalement, mais qui conviendrait bien pour décrire l’action militante de « Malamour » qui combattit, sans relâche, les lâches et les planqués : « Les endroits les plus sombres de l’Enfer sont réservés aux indécis qui restent neutres en temps de crise morale. »

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